Les cahiers de l'Islam
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Dimanche 30 Septembre 2012

Rencontre avec Michaël Privot


Le monde arabe est en ébullition depuis près de deux ans. Parmi les récents évènements de ce que l'on a appelé "le printemps arabe", nous avons été témoins de l'arrivée au pouvoir des partis dits islamistes avec, parmi eux, le parti Ennahada en Tunisie et celui des Frères musulmans en Egypte. Comment interpréter l'arrivée de ces nouveaux acteurs politiques dans le monde musulman ? Comment les musulmans vivants en Occident ont perçu ces évènements ? L'équipe des Cahiers de l'Islam est allée à la rencontre de l'Islamologue Michaël Privot, spécialiste des questions liées aux communautés musulmanes en Europe et à travers le monde.



Rencontre avec Michaël Privot

Michaël Privot est Docteur en langues et lettres, avec spécialisation en langue arabe et histoire comparée des religions. Il est aussi membre du Conseil d'administration du centre islamique de Verviers (Belgique) et le directeur de l'European Network Agaisnt Racism (ENAR). Militant associatif actif tant sur le plan local que sur le plan européen, Michal Privot s'est spécialisé dans les questions liées aux communautés musulmanes en Occident et dans le monde. Michael Privot est co auteur avec Cédric Baylocq du livre "Tareq Oubrou, profession imam" aux éditions Albin Michel (2009).



Les Cahiers de l'Islam : Dans l'article de votre blog daté du 30 septembre 2008 (1), vous souligniez, à travers l'article de Patrick Haenni, la dichotomie au sein du parti des Frères musulmans avec d'une part, un courant conservateur, le courant du tanzim, et d'autre part un courant favorable à l'ouverture au dialogue vers les acteurs et institutions civiles non religieux de la société égyptienne. Quatre années se sont écoulées depuis, avec l'émergence du «printemps arabe», l'éviction d'Hosni Moubarak, la transition politique maladroitement orchestrée par les militaires, puis les élections démocratiques qui ont vu la victoire des Frères musulmans et l'accession au pouvoir de Mohamed MorsiComment jugez-vous aujourd'hui la physionomie «post révolutionnaire» des Frères musulmans ?


Michaël Privot : Je crois que nous sommes aujourd’hui les témoins privilégiés d’une époque particulièrement intéressante. Après des décennies de marginalisation du champ politique, les Frères Musulmans en Egypte, en Tunisie, mais également en Libye et, probablement en Syrie à l’avenir, occupent les postes clés du pouvoir et sont en mesure de mettre en œuvre une partie plus ou moins conséquente de leur programme politique. Il en va de même également au Maroc, même si le contexte de leur récente arrivée aux plus hautes fonctions de l’Etat s’est effectué hors d’un contexte révolutionnaire immédiat.

Ayant désormais quitté les «bancs de l’opposition», les Frères entrent désormais dans le domaine de la «vraie» politique faite de compromis et d’arbitrages visant à prendre en compte le spectre le plus large possible des opinions et desiderata de leurs concitoyens. Et cela s’avère d’autant plus nécessaire que, dans tous les cas, les suffrages ont montré que les Frères sont loin de rassembler derrière eux la majorité de l’électorat. Au premier tour des élections présidentielles, M. Morsi n’a pu fédérer autour de sa personne qu’à peine plus d’un quart de l’électorat, offrant par là-même un indicateur intéressant sur la portée réelle de l’influence des Frères. En Egypte en particulier, la configuration politique et institutionnelle au sein de laquelle les Frères doivent naviguer est particulièrement complexe. Des chercheurs tels que Patrick Haenni et son collègue Hossam Tamam ont montré à plusieurs reprises que la structure des Frères Musulmans ne s’est pas mobilisée pour soutenir les revendications sociales des mouvements ouvriers qui ont agité le Delta en particulier depuis 2008 et qui ont nourri la contestation du régime autour de la Place Tahrîr.


Ce sont principalement des jeunes dissidents des Frères qui ont tenté de relayer ces problématiques sociales au sein de la structure – sans grand succès d’ailleurs – et qui, une fois exclus de cette dernière, ont néanmoins permis par la suite aux Frères de faire la jonction avec le peuple Place Tahrîr dès lors que les Frères eurent compris que ce soulèvement avaient des chances d’arriver à terme. Ils pouvaient donc prendre le risque de s’y engager sans risquer de se retrouver les seuls à «essuyer les plâtres» en cas d’échec. Il est évident que les Frères ont su faire preuve de pragmatisme sur la question et tirer avantage de leurs dissensions internes pour éviter de rester sur le bord de la route à regarder passer l’Histoire en marche. Si la culture du resserrement des rangs et de la caporalisation de la structure avait sa raison d’être pour faire le gros dos et survivre à la férocité du régime Moubarak, la liberté de parole nouvelle ne manquera pas de nécessiter un temps d’ajustement au sein des Frères qui ne pourront plus se contenter d’élaborer le consensus interne à coups d’oukases et d’exclusion.


La possibilité de fonder désormais des structures similaires aux Frères Musulmans qui rassembleraient les déçus de ces derniers mais qui partageraient toujours leurs idéaux ne manquera pas d’avoir un impact sur la gestion du dissensus et la démocratisation interne de la structure. Cela ne se fera certes pas du jour au lendemain, mais les inévitables fissures entre les différentes composantes des Frères ne manqueront pas d’apparaître au grand jour. Et ce d’autant plus que, confrontés à l’exercice concret du pouvoir, les Frères devront prendre des décisions qui, quand bien même viseraient-elles à préserver l’intérêt général du peuple égyptien (et c’est à espérer !), ne manqueront pas de leur aliéner une partie de leur base électorale, voire de leur membres. N’étant pas un parti politique per se, les Frères Musulmans sont avant tout une organisation se voulant instrument de réforme sociale et sociétale. Or, il va de soi qu’il n’existe pas qu’une seule option politique pour parvenir à ce but et que les différences d’appréciation sur la meilleure façon de réaliser ces objectifs sont dès lors légion, y compris au sein des Frères. Décider pour l’une ou l’autre option aura immédiatement un effet sur la base dès lors que la pression politique extérieure est considérablement amoindrie.


Il est évident que les Frères pourront conserver la confiance de leur base un moment – le temps de voir – mais les récents événements de Sidi Bouzid, en Tunisie, montrent que la population a les nerfs à vif et a soif de bénéficier des fruits des sacrifices consentis pour renverser les dictatures précédentes. Les Frères doivent donc rapidement faire face à des segments de la société civile qui se radicalisent de deux manières : salafisation grandissante avec exigences croissantes (et pression) en faveur d’un conservatisme moral sensé tout régler ou radicalisation grandissante des mouvements sociaux qui ont renversé les dictatures. Ces deux formes de radicalisation puisent leur énergie dans les mêmes causes, même si les attentes en matière de solution à apporter son radicalement différentes. Au milieu de tout ça, et traversés par ces mêmes tensions, les Frères font face à un véritable défi de positionnement qui laissera des traces d’une façon ou d’une autre – et ce d’autant plus qu’ils n’ont pas vraiment convaincu en proposant de véritables projets de société inclusifs et très articulés qui prendraient en compte les contextes social, politique, géopolitique et économique très volatiles au sein desquels ils sont en contraints d’évoluer.


De ce point de vue, leur « track record » en matière de prise en compte des revendications sociales, en tous cas en Egypte, au cours des cinq dernières années n’est pas vraiment encourageant. Les Frères parviendront-ils à dépasser leur cadre de référence bourgeois et libéral pour améliorer le quotidien et l’avenir de leurs concitoyens, dont la majorité vit à la limite ou sous le seuil de pauvreté ? De manière générale, on a des raisons de penser aujourd’hui que les seules « lois du marché » sont inaptes à résoudre de telles problématiques complexes, or la réflexion politique des Frères sur l’Etat et son rôle régulateur et redistributeur n’a pas franchement brillé par sa transcendance jusqu’à présent. Ce qui ne manque pas de soulever des doutes quant à leurs capacités réelles à affronter de tels défis et ne pas se contenter de faire de la gestion quotidienne à courte vue. Faute de ressources naturelles (pétrole, gaz, terres rares…) qui leur assureraient une rente permettant une certaine redistribution et l’achat d’une paix sociale à l’instar de la Lybie ou de l’Algérie, l’Egypte devra générer la plus grosse partie des revenus de l’Etat par l’impôt. On peut imaginer que la base bourgeoise, industrielle, bourgeoise compradore ou encore les professions libérales qui composent une grosse partie des troupes des Frères, ne vont pas accueillir de telles mesures d’un très bon œil. Dans cette même veine, la participation politique des Frères ne manquera pas de remettre certaines questions à portée théologique au centre des préoccupations, questions qui étaient loin d’être unanimement tranchées au sein des Frères : la participation politique des minorités et des femmes au plus haut niveau de l’Etat, le califat (si oui, sous quelle forme éventuellement ?)… Car si l’on peut concevoir le leadership des Frères ayant fait sa religion sur ces questions et accepté les principes fondamentaux de la démocratie participative, quid de la base et de ses attentes maintenant que l’organisation qu’elle a porté au pouvoir possède quelques moyens de faire aboutir au moins partiellement une partie de ses revendications ?


Après quelques semaines au pouvoir, M. Morsi a déjà démontré un grand sens du pragmatisme et une intelligence politique n’ayant pas peur de prendre des risques, profitant de l’état de grâce relatif suivant son élection. La collaboration ponctuelle avec Israël dans la lutte contre les jihadistes qui ont attaqué un des postes frontières avec Gaza souligne son sens de l’intérêt supérieur de l’Etat tout en vérifiant l’adage que les ennemis de nos ennemis sont (temporairement du moins) nos amis – au-delà même des positionnements idéologiques habituels. Mais encore faudra-t-il vendre aux citoyens cette approche dans le long terme, une fois retombée l’émotion suscitée par les événements. Si les citoyens constatent des progrès dans leur quotidien, peut-être accepteront-ils plus facilement les nécessités de certains positionnements stratégiques, sinon les traditionnels thématiques exutoires des frustrations populaires ne manqueront pas de resurgir très vite, les Frères étant cette fois-ci du « mauvais » côté de la contestation. Il est donc beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions définitives quant à la nouvelle configuration des Frères, mais il est évident que nous ne sommes qu’à l’aube d’une inévitable période de changements et d’adaptation. Les structures fréristes, tant en Egypte, qu’en Tunisie ou encore au Maroc, ne manqueront pas d’être soumises à de fortes tensions internes et externes qui amèneront inéluctablement à des remises en question plus ou moins importantes. Une sécularisation plus importante du message frériste ne sera pas à exclure également comme résultante de ces tensions et questionnements si les Frères choisissent l’option de demeurer un mouvement « mainstream » et de ne pas s’enfermer dans la représentation d’une simple niche d’intérêts conservateurs.



(CDI) : Pensez-vous que leur récente victoire démocratique en Egypte, et par extension du celui d' Ennahada en Tunisie, doit aviver certaines suspicions en Occident ou alors est ce qu'elle constitue, selon vous, une transition logique et sincère dans leur volonté de lutter contre les inégalités sociales et apporter la liberté au peuple ?
 
Michaël Privot : Il y a plusieurs éléments dans votre question : d’une part la suspicion potentielle envers les Frères du côté occidental et d’autre part la question du «progressisme» éventuel des Frères quant aux questions sociales et, le cas échéant, le fait que cet aspect puisse diminuer substantiellement le niveau de méfiance en Occident quant à leur égard. Commençons par la suspicion : c’est un truisme que de déclarer que les Frères Musulmans jouissent d’un capital sympathie largement déficitaire en Europe et aux USA. Presqu’un siècle d’engagement au cœur d’une des régions les plus tourmentées du monde en portant un message fermement anti-colonialiste et axé sur la réappropriation de son propre accès à l’universel hors des figures imposées par l’Occident ne les ont pas aidés à gagner le soutien des opinions et des chancelleries occidentales.


Il est dès lors piquant d’observer les contorsions langagières et les virages plus ou moins bien négociés par nombre de commentateurs de l’actualité politique qui, hier encore, honnissaient les Frères Musulmans pour leur conservatisme religieux, et doivent aujourd’hui en tenir compte comme des partenaires inévitables. Et ce d’autant plus que la liberté nouvellement acquise a ouvert la voie à une radicalisation politique salafisante de proportion inattendue qui menace de déborder les Frères sur leur (extrême) droite. De suppôts extrémistes, les Frères sont de plus en plus perçus et traités comme des conservateurs, certes, mais avec lesquels l’entente est possible. Bien sûr, la suspicion demeure et risque de perdurer en fonction des positionnements que vont prendre les Frères dans les mois à venir face à cette radicalisation salafisante que je viens d’évoquer et qui touche tous les segments de la société, y compris les Frères. Cela est particulièrement visible en Tunisie où une partie des Frères, restée au pays sous la dictature benaliste, s’est considérablement salafisée et est en décalage avec le leadership des Frères dont une large partie a vécu en exil et a eu l’occasion de faire sa révolution copernicienne dans un certain nombre de domaines. M. El-Ghannouchi, leader du Parti Ennahda, est typique de cette réalité.


C’est également le cas au Maroc où le PJD est débordé sur sa droite par des mouvements salafistes de plus en plus vocaux. Comment les Frères vont-ils se positionner maintenant qu’ils n’ont plus le monopole du discours religieux contestataire en politique ? La tentation de la surenchère – à l’image de la droite française courant après l’extrême-droite lors des présidentielles – est grande, particulièrement lorsque les marges d’action sur la situation économique et sociale réelle sont minces. Les Frères démontreront leur maturité politique s’ils peuvent – au nom même de leur éthique et de leurs principes d’action – éviter de tomber dans le populisme et s’opposer frontalement aux salafistes en proposant de véritables solutions aux problèmes sociaux et économiques qui minent la vie de la majorité des populations, plutôt que des thématiques religieuses à vocation distrayante. Les Frères peuvent bien entendu faire ce choix courageux, mais il faudra qu’ils mettent en place des politiques concrètes et efficaces qui apporteront une amélioration rapide dans la vie des gens, coupant l’herbe sous le pied d’une contestation radicale largement fondée sur des frustrations compréhensibles face à la dureté des conditions d’existence de la majorité des populations.


Et c’est là qu’intervient le deuxième aspect de votre question : il est intéressant de constater que de nombreux Frères Musulmans européens ont plutôt des sympathies de gauche/progressistes en Europe. De nombreux jeunes ont participé à des forums sociaux, sont engagés dans les mouvements estudiantins, syndicaux, citoyens… autour de thématiques liées à la justice sociale, à l’égalité et à la redistribution. Il est évident que les réalités diasporiques des militants fréristes européens y sont pour quelque chose. Reste que cela peut quelque peu distordre les perceptions des réalités outre-Méditerranée. Comme je l’ai souligné précédemment, les Frères ne se rangent pas spécialement du côté gauche de l’échiquier politique : alliés indirects des Etats-Unis pour leur anti-communisme, fermement libre échangistes et adeptes du marché, ou encore partisans d’un Etat minimaliste aux antipodes de l’Etat social fort nécessaire pour une lutte efficace contre les inégalités sociales…Bien sûr, la réalité est toujours plus nuancée, c’est également à un penseur frériste syrien, Mustafa al-Sibâ’î, que l’on doit un ouvrage de référence «Le socialisme de l’islam (ishtirâkiyyat al-islâm, 1959) », qui tentait une réflexion sur un islam socialisant, générateur de progrès social. Apparemment, bien qu’al-Sibâ’î fut le fondateur des Frères Musulmans syriens et savant unanimement respecté, son ouvrage fut pourtant récusé par les Frères et il n’est presque jamais mentionné dans ses bibliographies sur les sites web musulmans. Quoiqu’il en soit, les projets de société des Frères, dans les différents pays où ils sont maintenant en position d’appliquer leurs idées, restent peu lisibles et n’apparaissent pas de manière très cohérente.


Je crois – tout en espérant me tromper – qu’il ne faut pas attendre dans l’immédiat de développements progressistes en termes socio-économiques de la part des Frères. Les opinions publiques et les chancelleries occidentales seront surtout attentives à la mention – fut-elle purement incantatoire – du principe d’égalité homme-femme et du respect des minorités religieuses. Pour le reste, si les Frères permettent de continuer le « business as usual », ce qui est d’ailleurs fort probable étant donné qu’une partie importante de leur base sociale en bénéficie, la suspicion se dissipera et la lutte pour les inégalités sociales ne sera même plus évoquée. On tournera la page et on passera à autre chose. Ces mêmes opinions publiques ne se sont-elles pas accommodées de plusieurs décennies de dictatures sanglantes au nom d’intérêt bien compris ? Pardonnez-moi pour ce cynisme.
 

(CDI) : Pensez-vous que les européens de confession musulmane, en particulier chez les jeunes générations, voient dans ces évènements politiques un parallèle avec certains problèmes avec lesquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne comme l'exclusion sociale, l'islamophobie (comparaison avec la dure répression de l'ancien régime avec les Frères musulmans), la lutte contre la précarité pour certains ou au contraire pensez-vous qu'ils ont un regard lointain et nuancé sur le sujet ?
 
Michaël Privot : J’ai été frappé au contraire par un relatif désengagement de la part des jeunes générations musulmanes européennes vis-à-vis du Printemps arabe en général. Je pense qu’il y a plusieurs raisons pour cela. Tout d’abord la composition des diasporas musulmanes en Europe de l’Ouest : généralement les communautés égyptiennes, tunisiennes, libyennes, yéménites et syriennes sont assez minoritaires au sein des communautés musulmanes occidentales. Dès lors, l’identification à la jeunesse en lutte dans d’autres pays que les pays d’origine des parents n’a pas vraiment fonctionné. Tout au plus, certain(e)s se sont-ils contentés de relayer des informations sur Facebook ou Twitter, rarement plus. Il est intéressant de noter que la mobilisation et l’identification avec la cause palestinienne ont continué à susciter, tout au cours de cette période de changement au sein du monde arabe, un enthousiasme bien plus important.

Les plus mobilisés dans le suivi et le soutien aux différents soulèvements du Printemps arabe ont été – et sont toujours – les opposants politiques de la première génération ayant fui leur pays d’origine pour cause de répression et certains de leurs enfants. Certains jeunes de la seconde génération sont d’ailleurs retournés en Tunisie, en Egypte ou encore en Lybie pour mettre leurs compétences au service du pays d’origine de leurs parents.


Même chez ces plus mobilisés, je n’ai jamais vraiment pu déceler la formalisation d’un parallèle, d’une analogie avec les situations d’exclusion que rencontrent un grand nombre de musulmans aujourd’hui en Europe, qui mènerait à la conclusion de la nécessité d’un engagement citoyen, associatif ou politique pour faire changer cet état de fait. Il est pourtant révélateur de constater que de nombreux mouvements européens ou américains, à gauche, ont établi quant à eux le lien entre le Printemps arabe, les Indignés ou Occupy Wall Street, prenant exemple sur le courage et la détermination des jeunes Arabes se soulevant pour la justice, le respect et l’Etat de droit. Il y a, à mon avis, une connexion, une rencontre qui ne s’est pas faite, en Europe, entre le mouvement des Indignés et les classes populaires issues des migrations, musulmanes ou non d’ailleurs. Je laisse à d’autres le soin d’analyser et d’apporter des tentatives de réponse à cette question. Ceci étant, en tout état de cause, le lien entre islamophobie ici et dictature là-bas n’a pas été établi – et à juste titre je crois. Car même si l’on peut développer l’argument que, dans les deux cas, des individus font face à une exclusion, le degré de violence et l’impact sur les individus sont radicalement différents, ainsi que les voies pour y remédier. Il est important de pouvoir garder une juste mesure dans toute analyse, en particulier si elle est militante.


 


 

(1) http://www.xxiv-35.blogspot.fr/2008/09/patrick-haenni-egypte-la-blogosphre.html

 Photo de Karim Ben Khelifa.

 







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