Les cahiers de l'Islam
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Khalil Temmar dirige les éditions LE RELAIS , il est l'auteur des ouvrages : « Résolution d'un cœur... En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 14 Octobre 2012

Une liberté responsable


Aprés les affaires de caricatures de 2005 et plus récemment celles de Charlie Hebdo et du film anti-islam, nous sommes enclins à nous demander jusqu'où la liberté d'expression est-elle tolérable ? Cette dernière doit-elle empiéter sur le bon vivre ensemble ou au contraire doit-elle être limitée sans condition par le code juridique et l'auto-censure et ce afin de préserver les sensibilités humaines et religieuses de tout un chacun ? L'équipe des cahiers de l'Islam donne la parole à l'éditeur Khalil Temmar * qui nous apporte sa vision des choses sur ce sujet contemporain de plus en plus récurrent.



Une liberté responsable



Il y a unanimité que tout droit doit avoir des limites et doit être associé à un devoir. Aussi, le droit d’expression ne serait pas remis en cause s’il a pour limite celle de ne pas compromettre le vivre-ensemble. Ceci aussi bien à l’échelle d’une nation que plus largement à l’échelle du monde, devenu un grand village de par la mondialisation. Condamner le propos ou le comportement exprimant le mépris, l'irrespect et l'insulte ne saurait être une restriction de la liberté d'expression mais une protection de celle-ci de la dérive et de l'aberration. Un principe, qu’il soit majeur ou mineur perd effectivement tout mérite dès qu'il sert à offenser ou à porter préjudice à autrui.


Parce que les temps ont évolué et que l’Histoire a changé la face du monde, des principes promulgués en occident, il y a quelques siècles, dans un contexte spécifique et bien particulier devraient être ajustés et adaptés en vertu des mutations et réalités du monde contemporain. Ainsi, si le principe de laïcité, que l’on veut mettre au cœur du pacte républicain, ne sauvegarde, ni ne promeut les valeurs de tolérance, de paix et de respect des convictions religieuses, il perdra de facto toute crédibilité.


Nier le blasphème comme une atteinte à autrui revient à nier le droit à la liberté de croyance et de religion. Pourquoi ? Parce que le blasphème constitue un préjudice pour les fidèles qui, en tant que citoyens, doivent être protégés par la loi qui les autorise à posséder leurs propres croyances. Et d’autre part, un blasphème commis consciemment trahit une volonté d'agression délibérée, un rejet de l'"autre" et de ses valeurs. Rappelons au passage, pour ceux qui font la confusion, qu’une religion n’est pas une idéologie politique. La considérer comme telle relèverait de l’hypocrisie et de l’escroquerie intellectuelle.
 


Voici quelques réactions d’Occidentaux qui ne font pas de la liberté d’expression une politique de deux poids, deux mesures, à la suite de l’affaire des caricatures de 2005 :


- Jack Straw, ministre des affaires étrangères britannique, déclare : « Je pense que la nouvelle publication de ces caricatures n'était pas nécessaire. Elle a été indélicate et témoigne d'un manque de respect ». Il estime en outre que les journaux « ont eu tort » et qu’« Il y a la liberté de la presse, nous la respectons tous. Mais il n'y a pas d'obligation d'insulter ou d'être gratuitement incendiaire ». Les caricatures n'ont pas été diffusées dans le royaume britannique.

- La première réaction officielle des Etats-Unis à cette affaire est faite par le porte-parole du département d'État américain, Justin Higgins, qui déclare : « Ces caricatures sont évidemment blessantes pour les croyances des musulmans. […] L'incitation à la haine religieuse et ethnique n'est pas acceptable. […] Nous reconnaissons tous et nous respectons complètement la liberté de la presse et de l'expression, mais elle doit s'accompagner de la responsabilité de la presse ».

- Le Vatican estime dans son premier communiqué officiel que « Le droit à la liberté de pensée et d'expression (…) ne peut entraîner le droit d'offenser le sentiment religieux des croyants. […] En outre, certaines formes de critique extrême ou de dérision des autres témoignent d'un manque de sensibilité humaine et peuvent dans certains cas constituer une provocation inacceptable » (1).


Invoquer aujourd’hui la liberté d’expression pour agresser son prochain dans sa foi et sa sensibilité religieuse est révélateur d’un système à deux vitesses, d’une civilisation en perte de repères qui ne sait plus transmettre aux jeunes générations le sens des valeurs.


 


(1) Source : Wikipédia



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En complément de cet article nous invitons nos lecteurs à consulter le site tunisien Nawaat qui a publié
une lettre ouverte à Charb, directeur de la publication et dessinateur de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, relayée par le courrier international soulignant sur un ton ironique son droit à faire de l'humour et à être l'un des derniers porte-parole de la liberté d’expression.




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