C’est un monument de la littérature arabe. Un géant de la nouvelle et du théâtre. Naguib Mahfouz disait du Retour de l’âme (1933) « qu’il marque la vraie naissance de la nouvelle arabe ». Mais dans les librairies francophones, ne cherchez pas : vous ne trouverez pas — ou difficilement- Tawfiq Al-Hakim. Son oeuvre, aussi importante soit-elle, est la grande oubliée des traducteurs arabe-francais.
AUC Press, maison d’édition anglophone à qui l’on doit la traduction des oeuvres intégrales de Naguib Mahfouz, vient de faire traduire l’essentiel de Tawfiq Al-Hakim : Le Retour de l’âme et un recueil de courtes pièces de théâtre et de nouvelles.
Ces deux parutions, en 2013, ne sont pas dues au hasard. Récemment, plusieurs critiques ont relu Al-Hakim à la lumière des troubles qui ont précédé le 25 janvier 2011. Sa pièce de théâtre Praxis ou Le Problème du pouvoir écrite en 1954 relate, vers sa fin, la sortie des masses indignées contre les élites et leur corruption « comme une mer rebelle », tandis que le peuple plonge dans la pauvreté.
Dans cette pièce, Hakim s’inspire de L’Assemblée des femmes d’Aristophane. En 392 av. J.-C., Athènes a perdu la guerre du Péloponnèse face à Sparte. Les femmes sortent de leur oikos et décident de prendre le pouvoir malgré un évident manque d’expérience politique. De quoi établir certains parallèles avec la situation actuelle …