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Dimanche 7 Octobre 2018

John Tolan : « Les Lumières voyaient le Prophète comme un héros du rationalisme »

Imposteur ou réformateur éclairé ? Dans son essai Mahomet l’Européen, John Tolan rappelle la diversité de la réception du Prophète en Occident depuis le Moyen Âge.



Imposteur, menteur, fourbe, voleur, hérétique, débauché, fanatique, et depuis peu terroriste… Ainsi compilées, pas étonnant que les musulmans soient choqués par ces représentations occidentales, dessinées ou littéraires, du Prophète Muhammad – dont le nom est lui-même sans cesse écorché, en « Machomet », « Mafometus », « Mohammed »… et bien sûr « Mahomet ». Pourtant, depuis la fin du Moyen Âge et en particulier au siècle des Lumières, des Occidentaux ont aussi admiré en « Mahomet » un rationaliste, un réformateur, un grand homme et même un authentique prophète d’une religion abrahamique que devraient respecter les chrétiens. Avec Mahomet l’Européen, l’historien franco-américain John Tolan souhaite rétablir cette diversité de la réception du « Messager d’Allah » en Occident.

Alors que Jésus est reconnu par l’islam, le Prophète Muhammad a tout de suite été violemment caricaturé en Europe chrétienne. D’où vient cette différence ?
Au moment où apparaît l’islam, le christianisme existe déjà. Le Coran présente Jésus comme un prophète, qui fait partie d’une longue série commençant avec Adam et culminant avec Muhammad. Mais du point de vue chrétien, il n’y a pas de place pour un prophète comme Muhammad qui serait venu après Jésus. Pour le christianisme, l’islam est d’autant plus menaçant qu’il étend rapidement un empire gigantesque, et que ses conquêtes peuvent être vues comme des signes d’approbation divine. Il y a donc deux réponses possibles à l’islam pour les chrétiens : soit la conversion – et elles se compteront par millions au fil des siècles ; soit l’hostilité, qui consiste à présenter Muhammad comme un païen, ou un hérésiarque, le fondateur d’une secte qui sort du juste dogme du christianisme. En fait, ce n’est qu’assez récemment, à partir des Lumières (XVIIIesiècle), qu’on commence à regarder l’islam comme une religion à part, à pied d’égalité avec le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme…
 
L’hostilité chrétienne s’expliquerait donc par une sorte de complexe d’infériorité ?
Absolument, surtout si on regarde les écrits des chrétiens « dhimmi », ceux qui vivent en terre d’islam. Ils s’intéressent à l’islam et à son prophète pour décourager les chrétiens d’apostasier. Avec d’autant plus d’hostilité qu’il y avait de bonnes raisons de se convertir, y compris des raisons fiscales. Ceux qui restent chrétiens doivent se convaincre qu’ils suivent la bonne religion et obtiendront des récompenses dans l’au-delà. Un collègue marocain me faisait justement remarquer que c’est exactement ce que l’on entend de nos jours dans les pays d’islam, qui se sentent désormais dominés : l’Occident est plus puissant, mais les musulmans se réconfortent en se disant qu’ils ont la vraie religion.

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