Les cahiers de l'Islam
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Vendredi 15 Janvier 2016

Une République juste



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Le 11 janvier 2015, plus de 4 millions de Français étaient « Charlie ».

Ce dimanche, nos concitoyens étaient  bouleversés.    
  
Le chagrin qui s'est exprimé cet après-midi-là m'a frappé. La violence était de retour. Le choc a été immense, car la liberté de pensée si chère aux valeurs de la République était atteinte à travers les meurtres de journalistes qui cultivaient le droit à l’indécence.

Malgré l'attentat contre « Charlie Hebdo », malgré l’horreur de l'hyper cacher, malgré les massacres du 13 novembre, le lien national et citoyen ne s'est pas rompu. Il est fragile, il est menacé, mais il tient. A chaque épreuve, les français  ont réaffirmé leur volonté de continuer à vivre ensemble. Ils ont affirmé leur fierté d’être français, particulièrement après le 13 novembre.
 
La République est certes blessée, mais elle est encore plus forte, car elle affirme les droits politiques et sociaux accordés à tous les citoyens. L’article 1er de la Constitution s’inscrit dans ce cadre puisqu’il proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ».                                                         

Le président de la République, lui-même,  a d’ailleurs affirmé « La République, c'est un mouvement, c'est une construction, c'est une passion. Une passion généreuse. Une passion rationnelle. Une passion rassembleuse. Avec toujours le refus radical de la fatalité. ». Il a rassuré les français face au terrorisme en étant à la hauteur de la situation. Il a également affirmé à plusieurs occasions, l’importance de ne pas stigmatiser les musulmans de France, malgré le fait que les actes terroristes s’exerçaient au nom de l’islam.                                                              

Il convient d’affirmer que ces terroristes dévoient l’islam, en portant  un regard radical et obscurantiste, car non seulement leur interprétation de la pratique est fausse, mais leur « action djihadiste » est ridicule et ne présente aucun caractère religieux. En effet, aucun hadith (propos du Prophète), aucun verset du coran n’autorise de tels agissements. Qui plus est, et afin de poser le contexte à sa juste place, l’islam du XVe siècle n’est évidemment pas celui du XXIe siècle. Le mal être identitaire d’individus qui n’ont pas trouvé leur place dans la société n’autorise pas à prendre l’islam et les français de culture musulmane en otage. Il n’autorise pas à transformer notre société en une société anxiogène.

Il n’en demeure pas moins, que force est de constater que  de plus en plus d’individus dans les quartiers  croient au bien fondé de cette guerre contre la société occidentale, où ils n’ont pas trouvé leur place. D’autres voudraient déplacer le problème de la Palestine en France…Que cela mette à mal la cohésion de notre société est une réalité, faut-il pour autant apporter des réponses opportunistes  qui ne résoudront rien ?    
   
Les réponses de fermeté ne doivent pas être les seules dans les quartiers en déshérence. Elles doivent s’inscrire dans le cadre de dispositions légales et générales.  

L’exemple de vouloir inscrire la déchéance de la nationalité aux bi-nationaux qui porteraient atteinte à l’unité de la Nation est un exemple concret d’un regard néo-colonial de certains qui n’ont pas encore soldé l’histoire coloniale dans le registre du passé.                            
 
Je ne crois pas en ce symbole sécuritaire qui répond à l’attente de français qui se rangent dans vision sociétale conservatrice.
Il  n'est pas bon que certains se considèrent à tort ou à raison comme stigmatisés et comme des enfants illégitimes de la République et c’est le message perçu dans les quartiers !

La deuxième et troisième génération de français issus de culture musulmane n’ont pas encore crevé le plafond de verre et n’apporter pour seules réponses, que des  réponses sécuritaires est maladroit, et ce d’autant que l’efficacité n’est pas prouvée.     
                                             
Des promesses de campagne qui devaient permettre à chaque français de pouvoir aller jusqu’au bout de leur rêve ne semblent pas avoir été tenues…L’espoir de voir ces français présents à tous les échelons de la vie politique, économique et sociale semble, encore aujourd’hui,  relever du rêve, alors qu’une décision politique pouvait être une réponse tant attendue. S’opposer à la force des choses est la preuve de cohérence et de pragmatisme en politique.

St Just dit « Osez ! ce mot renferme toute la politique de votre révolution ». Le gouvernement n’a pas osé, il n’a pas voulu. Il aurait dû procéder à des nominations qui relèvent du réajustement administratif ! Des préfets, des ambassadeurs, des recteurs,  des consuls, des directeurs d’établissements publics, pourraient être des exemples pour ceux qui n’ont plus d’espoir et qui ne croient plus en rien. Ils pourraient justifier que l’école de la République sert encore d’ascenseur social .

Ils pourraient affirmer que la méritocratie a encore un sens et que les références dans les quartiers ne doivent pas être les dealers ou les djihadistes revenant de Syrie…

Chacun devrait penser à ce qu’affirmait Jean Jaurès lorsqu’il disait :  «  La République c'est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté.  »  Ce qu’il disait était vrai il y a un siècle, cela devrait être encore plus vrai en 2016…  




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