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Vendredi 6 Décembre 2013

« Pendez Nelson Mandela et tous les terroristes de l’ANC »



Pendez Nelson Mandela et tous les terroristes de l’ANC
Pendez Nelson Mandela et tous les terroristes de l’ANC

« L’opprimé n’a souvent pas d’autre choix que d’utiliser des méthodes qui miment celles de son oppresseur » (Mandela)

Suite à la mort de Madiba -Nelson Mandela-, ce 5 décembre 2013, nous proposons de lire/relire un article fort instructif de Alain Gresh sur le parcours militant de ce dernier et les complicités, assumées à l'époque, de certains États- comme les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, Israël, etc.- avec le régime ségrégationniste de l'apartheid. En effet, comme l'écrit A.Gresh dans le « choc entre la majorité de la population et le pouvoir blanc, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël et la France (celle-ci jusqu’en 1981) combattirent du « mauvais côté », celui des défenseurs de l’apartheid, au nom de la lutte contre le péril communiste ».

L'article de A. Gresh permet aussi de saisir comment la figure de Nelson Mandela passe de celle du « terroriste  » - ennemi de la civilisation et du progrès- à celle du « héros de notre temps ».

L’Evangile selon Mandela

Quelques extraits de l'article de Gresh :

« Un héros de notre temps », titre un hors-série de Courrier international (juin-août 2010). « Il a changé l’histoire », surenchérit Le Nouvel Observateur (27 mai 2010). Accompagnées du portrait d’un Nelson Mandela souriant, ces deux couvertures témoignent d’une adoration consensuelle, dont le film Invictus du réalisateur Clint Eastwood a constitué l’apothéose (1). Avec la Coupe du monde de football, la planète entière communie dans le culte du prophète visionnaire rejetant la violence, qui a guidé son peuple vers une terre promise où vivent en harmonie Noirs, métis et Blancs. Le bagne de Robben Island, où celui que ses camarades appelaient Madiba fut enfermé de longues années — et lieu de pèlerinage obligé pour les hôtes étrangers —, rappelle un « avant » un peu flou, ce temps de l’apartheid honni qui ne pouvait que susciter une condamnation universelle, et en premier lieu celle des démocraties occidentales.
Mandela à Gaza en 1988 avec Yasser Arafat
Mandela à Gaza en 1988 avec Yasser Arafat

[...]

Arrêté en 1962 et condamné, Madiba rejeta, à partir de 1985, plusieurs offres de libération en échange de sa renonciation à la violence. « C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé, qui détermine la forme de la lutte, écrivait-il dans ses Mémoires. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’a pas d’autre choix que de répondre par la violence. » Et seule celle-ci, appuyée sur des mobilisations populaires croissantes et soutenue par un système international de sanctions de plus en plus contraignant au fil du temps, put démontrer l’inanité du système répressif et amener le pouvoir blanc à résipiscence. Le principe « un homme, une voix » acquis, M. Mandela et l’ANC surent alors faire preuve de souplesse dans la mise en place de la « société arc-en-ciel » et dans les garanties accordées à la minorité blanche. Ils durent même — mais c’est une autre histoire — en rabattre sur leur projet de transformation sociale.

[...]

Le « gouvernement de Mme Margaret Thatcher, écrit A. Gresh, refusa toute rencontre avec l’ANC jusqu’à la libération de M. Mandela en février 1990. Lors du sommet du Commonwealth de Vancouver, en octobre 1987, elle s’opposa à l’adoption de sanctions. Interrogée sur les menaces de l’ANC de frapper les intérêts britanniques en Afrique du Sud, elle répondit : « Cela montre quelle organisation terroriste ordinaire est [l’ANC]. » C’était l’époque où l’association des étudiants conservateurs, affiliée au parti, distribuait des posters proclamant : « Pendez Nelson Mandela et tous les terroristes de l’ANC ! Ce sont des bouchers. » Le nouveau premier ministre conservateur David Cameron a enfin décidé de s’excuser pour ce comportement, en février 2010 ! Mais la presse a eu beau jeu de lui rappeler qu’il s’était lui-même rendu en Afrique du Sud en 1989 à l’invitation d’un lobby anti-sanctions.

Israël demeura jusqu’au bout l’allié indéfectible du régime raciste de Pretoria, lui fournissant des armes et l’aidant dans son programme militaire nucléaire et de missiles. En avril 1975, l’actuel chef de l’Etat Shimon Pérès, alors ministre de la défense, signa un accord de sécurité entre les deux pays. Un an plus tard, le premier ministre sud-africain Balthazar J. Vorster, un ancien sympathisant nazi, était reçu avec tous les honneurs en Israël. Les responsables des deux services de renseignement se réunissaient annuellement et coordonnaient la lutte contre le « terrorisme » de l’ANC et de l’OLP.
 
Et la France ? Celle du général de Gaulle et de ses successeurs de droite tissa des relations sans complexes avec Pretoria. Dans un entretien publié dans le numéro du Nouvel Observateur cité plus haut, M. Jacques Chirac se glorifie de son soutien ancien à M. Mandela. Il a sur ce sujet, comme nombre de dirigeants de la droite, la mémoire courte — et le journaliste qui l’interroge accepte sans broncher son amnésie. Premier ministre entre 1974 et 1976, M. Chirac entérina en juin 1976 le contrat avec Framatome pour la construction de la première centrale nucléaire en Afrique du Sud. A cette occasion, l’éditorial du Monde notait : « La France est en curieuse compagnie parmi le petit peloton de partenaires jugés “sûrs” par Pretoria » (1er juin 1976). « Vive la France. L’Afrique du Sud devient puissance atomique », titrait sur toute la largeur de la première page le quotidien sud-africain à grand tirage Sunday Times. Bien qu’ayant, notamment sous la pression des pays africains, décidé en 1975 de ne plus vendre directement d’armes à l’Afrique du Sud, la France honorera plusieurs années encore les contrats en cours, tandis que ses blindés Panhard et hélicoptères Alouette et Puma seront construits localement sous licence.

Lire l'article dans son intégralité -  Alain Gresh : L’Evangile selon Mandela.
Lien : http://www.monde-diplomatique.fr

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