Les cahiers de l'Islam
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Pascal Lemmel
Co-fondateur de la revue numérique Les Cahiers de l'Islam, des éditions du même nom ainsi que de la... En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 21 Décembre 2018

Islam de France : Ghaleb Bencheikh devient président de la Fondation de l'Islam de France (FIF)



Ghaleb Bencheikh, succède à Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation de l'Islam de France (FIF). Faire de la Fondation un interlocuteur crédible et privilégié de l’état français en matière de fait musulman en France reste l’une des préoccupations du nouveau président.


 

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A l’heure où la Fondation de l’islam de France (FIF) lance son Campus numérique, le Campus lumières d’Islam, consacré à la pensée, à l’histoire et aux cultures de l’Islam, l’institution fondée il y a deux ans en décembre 2016 à l’initiative de Bernard Cazeneuve à la suite des attentats de novembre 2015 change de président.

Ghaleb Bencheikh, 58 ans, administrateur et membre du bureau de la FIF depuis décembre 2016, succède ainsi à Jean-Pierre Chevènement. Il a été élu président jeudi dernier, le 13 décembre 2018, à l’unanimité moins une voix (celle du représentant du CFCM (Culte Musulman et Islam en France).

Fils du cheikh Abbas Bencheikh El Hocine, recteur de la Grande Mosquée de Paris de 1982 à 1989, et frère de Soheib Bencheikh, ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris et ancien mufti de Marseille, Ghaleb Bencheikh possède une formation scientifique (docteur ès sciences diplômé de l’Université de Paris 6 en Physique). Il préside la Conférence mondiale des religions pour la paix, association loi de 1901, créée en 1986, qui a pour but « de travailler à la rencontre entre religions, ainsi que de collaborer avec d'autres acteurs de la société civile, dans un objectif de paix, de solidarité, de vivre ensemble et de meilleure connaissance mutuelle ». Il est par ailleurs l’auteur de nombreux ouvrages en rapport avec le fait islamique dont un ouvrage intitulé « Petit manuel pour un islam à la mesure des hommes » paru en 2018 chez JC Lattès. Homme de médias, il produit et anime l’émission « questions d’islam » sur radio France culture et présente depuis 2000 l’émission « Islam » sur France 2.

De surcroit, contrairement à son prédécesseur, il est de confession musulmane. Selon un communiqué, Jean-Pierre Chevènement, qui a été nommé à l’unanimité président d’honneur, a indiqué qu’après la phase de lancement, il lui paraît “normal” qu’un renouvellement s’opère à la tête de la fondation et qu’elle soit présidée par un citoyen français de confession musulmane “sensible aux enjeux culturels”.

La fondation, dont le but est de lutter contre les idéologies islamistes radicales menant au terrorisme par la connaissance et la culture, s’est donnée pour mission de favoriser l’émergence d’un islam de France. Pour ce faire, la fondation met en œuvre une politique, axée sur l’éducation et la connaissance, visant à « rendre intelligible auprès du corps social le fait religieux musulman tel qu’il se présente aujourd’hui en France et dans le monde » (ce qui rejoint nos propres objectifs). Par ailleurs, elle aide à la formation des futurs cadres musulmans (imams, des aumôniers, des cadres associatifs et des étudiants en théologie liés au culte musulman) en octroyant une bourse aux étudiants suivant un Diplôme Universitaire « agréé » (cf. Liste ) ou encore en soutenant, en partenariat avec le CNRS - GIS MOMM, le développement de la recherche française en Islamologie par la délivrance de bourse de Master et de doctorat ainsi que la rédaction de manuels universitaires ou d’ouvrages scientifiques. Enfin, elle soutient ou a soutenu une douzaine de projets éducatifs, culturels et sociaux portés par des acteurs de l’Islam de France : Scouts musulmans de France, Aumônerie militaire musulmane, ONG AISA, Institut des Cultures d'Islam, Fondation Conscience Soufie, Association pour la Renaissance de l’Islam mutazilite.
Profane et laïque, la fondation se veut « un pont entre l’islam et la République ».

Le nouveau président se place dans la continuité de ce qui a été entrepris sous la précédente direction. Toutefois, d’après La Croix, « pour sortir la fondation de son image élitiste, son nouveau président rêve aussi de propositions plus grand public : des colloques, ou même ‘‘ une université populaire ’’ - ‘‘ pourquoi pas itinérante ? ’’, sorte de transposition dans le réel du campus numérique Lumières d’islam qui vient d’être lancé. ‘‘ Elle doit offrir aux acteurs et intellectuels du champ islamique des espaces pour s’exprimer, et à tous, musulmans ou non, d’échanger et ainsi de guérir les peurs que suscite cette tradition ’’, soutient ce fervent partisan de la confrontation d’idées. ». La création d’une WebTV est dans les cartons. En attendant, il s’agit de finaliser l’exposition « Europe, Islam, quinze siècles d’Histoire » pour laquelle la Fondation souhaite un retentissement mondial et de mettre en place « un prix (annuel) récompensant une personnalité ayant fait une œuvre littéraire ou artistique en lien avec les cultures d’islam… L’idée est celle-là : donner plus de visibilité, plus de présence, plus de crédit – dans tous les sens du terme – à la Fondation et, surtout, apaiser les tensions dans notre société, harmoniser l’élévation spirituelle d’une manière intelligente avec les valeurs de fraternité et de solidarité, et agir pour que le fait islamique soit naturellement présent dans le paysage français sous la voûte commune de la laïcité. » 

Faire de la Fondation de l’Islam de France un interlocuteur crédible et privilégié de l’état français en matière de fait musulman en France, au même titre que la mosquée de Paris constitue un interlocuteur « privilégié » sur le plan théologique, reste l’une des préoccupations du nouveau président.

La fondation est dotée d’un conseil d’administration de 11 membres et d’un conseil d’orientation de 36 membres. Six membres proviennent du CFCM. Les autres membres sont majoritairement issus de à la société civile et la quasi-moitié sont des femmes, universitaires, élues, militantes associatives. On y retrouve ainsi Leili Anvar, enseignante en langue et littérature persane ; ou encore Inès Safi, chercheuse au CNRS en physique théorique, passionnée par le dialogue entre sciences et foi, mais aussi des politiques comme Bariza Khiari, sénatrice et présidente de l’Institut des cultures d’islam à Paris ou encore de « jeunes voix » , comme celles de Radia Bakkouch, 25 ans, présidente de l’association Coexister, ou de Sofia Azzouz Ben-Mansour, 28 ans, conservatrice du patrimoine [1]. Au travers du choix de la composition du conseil, la fondation fait montre d’ouverture, que ce soit vers la société civile [2], vers les différentes composantes de l’Islam de France [3], ou encore vers les autres monothéismes avec la nomination du théologien dominicain, Emmanuel Pisani, directeur de l’Institut de sciences et de théologie des religions à l’Institut catholique de Paris.

Le budget de la FIF est de 900 000 euros pour trois ans. L’une des premières taches du nouveau président sera de collecter des fonds. Pour ce faire, il compte faire appel au mécénat privé et d’entreprise.

_________________
[1] On y retrouve aussi Houria Abdelouahed, psychanalyste franco-marocaine et maître de conférences à l’université Paris-Diderot ; Razika Adnani, philosophe et écrivain, fondatrice et présidente des Journées internationales de philosophie d’Alger ; Naïma M’Faddel, ancienne déléguée du préfet des Yvelines à la politique de la ville, aujourd’hui adjointe au maire de Dreux (Eure-et-Loir) ; ou Khadija Gamraoui, maire adjointe chargée de la sécurité et des cultes à Carrières-sous-Poissy (Yvelines).

[2] On y retrouve l'Éditeur Jean Mouttapa, le juriste et islamologue Francis Messner, professeur à l’Université de Strasbourg, l’ancien chef du bureau des cultes Didier Leschi, du consultant et essayiste Hakim El Karoui, membre associé de l’institut Montaigne, ou encore Pap’Amadou Ngom, président du Club du XXIe siècle, association de promotion de la diversité.

[3] Outre les responsables du CFCM, d’autres membres incarnant les différents courants de « l’islam de France » : Éric Geoffroy, islamologue et président de la fondation Conscience Soufie ; Abdelhaq Guiderdoni, directeur de l’Institut des hautes études islamiques à Lyon  ; ou encore l’imam de la Grande mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, incarnant la sensibilité la plus libérale des Musulmans de France (ex-UOIF, branche française des Frères musulmans).





1.Posté par Amezian le 25/01/2019 10:39
A mon humble avis, il n'est pas juste de parler d'un "Islam de France", ou d'un autre pays. Mais de "l'Islam en France". Il y a un seul "Islam". Chaque pays peut organiser le Culte Musulman à sa façon , en fonction de ses spécificités sociales, juridiques.... dans le cadre des principes fondamentaux de l'Islam, qui, eux demeurent immuables.

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