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Mercredi 6 Juillet 2016

Féminismes islamiques versus féminisme laïque (Le Monde DES RELIGIONS)


Dans les pays musulmans émerge une nouvelle forme de féminisme. Islamique, il ne s’inscrit pas dans la même logique que le féminisme laïque, mais vise le même objectif : l’égalité homme-femme. Le sujet était débattu le 20 mai à l’Institut du Monde Arabe, à l’occasion du colloque Pouvoirs et religions.





Par Matthieu Stricot. 
Publié le 31/05/2016



DÉBAT
Féminisme islamique versus féminisme laïque

« Quels sont les arguments des féministes islamiques ? En quoi diffèrent-elles des féministes laïques ? Font-elles bouger les lignes ? » Vendredi 20 mai, Virginie Larousse, rédactrice en chef du Monde des Religions, a introduit le débat sur « le féminisme islamique, ou la contestation des pouvoirs par la théologie », lors du colloque Pouvoirs et religions à l’Institut du Monde Arabe à Paris.

« Les féministes islamiques se définissent dans la communauté musulmane, mais n’entendent pas appliquer ses lois religieuses, explique Azadeh Kian, essayiste et professeur de sociologie à l’Université Paris VII-Diderot et directrice du CEDREF, le Centre d’enseignement, de documentation et de recherches sur les études féministes. De plus, il faut parler de féminismes islamiques au pluriel, car leurs idées divergent selon le contexte historique, socioculturel ou régional. Ainsi, les féministes iraniennes n’ont pas les mêmes objectifs que les Turques ou les musulmanes européennes. »

Bien qu’un principe d’égalité existe dans le Coran, beaucoup n’entendent pas en extraire une égalité homme-femme. « De nombreuses femmes se forment ainsi en théologie afin de réinterpréter les lois et la religion. » Déjà, au début du XXe siècle, des Égyptiennes s’étaient prononcées contre les interprétations masculinistes du Coran et de la tradition. « Cependant, à l’époque, on ne les appelait pas féministes islamiques. Les premières à être ainsi qualifiées ont été les Iraniennes, actives dès la révolution islamique de 1979 et surtout visibles depuis les années 1990. »

Féminisme islamique ou féminisme musulman ?

« Ce féminisme islamique est-il une conséquence de la réislamisation ou une réaction au féminisme laïque des années 1960-70 ? », interroge Virginie Larousse. L’avocate algérienne Wassyla Tamzali, ex-directrice des Droits des femmes à l’Unesco, distingue la féministe musulmane, militant hors du cadre religieux, de la féministe islamique qui se bat par l’intermédiaire de la religion. Selon elle, dans les pays arabes, « le recours à la religion a toujours été une réponse au vide du régime en place. Certes, on peut réveiller une conscience à travers une religion. Mais des dérives très graves ont eu lieu sur la question des femmes ».

La féministe laïque fait référence au contexte algérien : « À l’indépendance, le pays s’est rangé dans le camp des Soviétiques. Nous avons développé un vocabulaire marxiste de lutte des classes. Dans les années 1970, des groupes de femmes se sont organisés dans des mouvements trotskystes empruntant un discours anticolonialiste. Nous étions convaincues que les femmes avaient droit à la liberté et à l’égalité sans faire référence à l’islam. »

Cela n’a pas empêché les féministes marxistes algériennes de s’intéresser au féminisme islamique naissant. En 1964, Wassyla Tamzali se rend en Malaisie pour rencontrer les Sisters in islam, des musulmanes se battant pour l’égalité. Mais, pour les féministes laïques, « le féminisme était avant tout une déconstruction de l’idée de la femme dans le monde entier. Nous nous attaquions au nationalisme comme à la religion, ce qui nous a valu d’être considérées par les féministes islamiques comme des clones de la civilisation occidentale. »

« Les hommes ont interprété les textes à leur manière »

À ce constat, Hanane Karimi, porte-parole du collectif Les femmes dans la mosquée, distingue le féminisme islamique, « dans les pays régis par la loi islamique » du féminisme musulman « dans les pays où la religion ne fait pas la loi, comme en France ». En Europe, le féminisme islamique émerge à partir de la deuxième ou troisième génération d’immigrés. « Les enfants s’installent dans une double culture, ils ont une lecture critique de leur religion. D’où un grand écart entre la lecture misogyne de l’islam qu’on voulait nous imposer et la nôtre. »

Retrouvez la suite de cet article sur le site Le Monde DES RELIGIONS.




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