Les cahiers de l'Islam
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Seydi Diamil Niane
Docteur en islamologie. Chercheur post-doctorant au LPED (Laboratoire Population, Environnement et... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 24 Avril 2019

Elhadji Malick Sy et l’islamisation du Sénégal : le rôle de la Tijâniyya, une confrérie soufie d’origine maghrébine

Docteur en islamologie (Université de Strasbourg)



Ce stratège, ce Généralissime en Chef,
placé à la tête d’une armée pacifique de plusieurs centaines de milliers d’âmes,
n’a jamais eu d’autres armes que son chapelet, son verbe et sa plume. 
Professeur Iba Der Thiam

Qui fut Elhadji Malick Sy ?

Tantôt surnommé Mawdo, qui signifie le patriarche, tantôt Mame Asse, Elhadji Malick Sy est né au milieu du XIXe siècle [1] à Gaya, un village proche de Dagana sur le rivage gauche du Fleuve Sénégal.  Sa mère se nommait Fatima Wade Wélé, plus connue sous le nom de Mame Fâ Wade Wélé.  Le prénom de son père fut Demba Khourédia Sy, mais il « a remplacé son nom, de résonance païenne, par Ousmane, par lequel les générations postérieures l’auront connu » [2] Ce dernier était réputé pour ses vastes connaissances, ce qui pourrait expliquer son choix de changer de nom. Deux mois avant la naissance d’Elhadji Malick Sy, Ousmane fut assassiné. Il rejoignit le monde céleste après avoir donné à son futur enfant « le nom de Malick Sy, en signe de reconnaissance envers son professeur Thierno Malick Sow »[3]. Ayant senti sa mort arriver, Ousmane aurait fait le sermon suivant : «  prenez soin de mes livres puisque Malick arrive bientôt si Dieu le veut. » [4] Né orphelin de père, l’enfant devait être pris en charge par sa mère mais aussi par son oncle maternel, Muhammad b. Abû Bakr, plus connu sous le nom d’Alpha Mayoro. Ce dernier occupait une place importante dans la vie d’Elhadji Malick Sy.
À l’instar de la plupart des savants de son époque, Elhadji Malick s’est mis très jeune à l’apprentissage du Coran qu’il a mémorisé après sept ans d’études avant de se mettre aux sciences islamiques en commençant par le droit musulman selon le rite malikite [5], puis la théologie et les sciences religieuses, linguistiques et rationnelles. Grâce au système d’éducation que suivait Elhadji Malick Sy, qui était et demeure toujours populaire en Afrique de l’Ouest, mais aussi au Maghreb, Mawdo est devenu encyclopédiste, ‘âlim kulli fann, et spécialiste dans tous les domaines qu’on étudiait à son époque. Ceci peut être perçu d’une façon frappante dans son œuvre.

L’éducation intellectuelle d’Elhadji Malick Sy a duré douze ans[6] durant lesquels notre encyclopédiste devait voyager d’une ville à une autre, d’un village à l’autre, à la quête de savants, et parfois à la recherche de manuels.

Sa production intellectuelle est d’une grande importance. Le maître écrivit dans presque tous les domaines qu’on étudiait. Il se mit aussi à un travail de versification de certains ouvrages et oraisons mystiques pour que la mémorisation en soit plus facile et que l’intellectualisation et la spiritualisation soient plus efficaces. Le choix de la poésie est intelligent si nous donnons raison à Éric Geoffroy qui affirme que 
 « … poésie et mystique partagent un même rapport à l’indicible, une même fulgurance de l’inspiration, une même puissance incantatoire, un même recours aux symboles, à la transmutation du sens et à l’ambiguïté originelle du langage. L’une et l’autre ouvrent la possibilité d’une perception globale et immédiate des ‘‘réalités spirituelles’’…  » [7]

L’utilisation de la poésie lui a surtout permis de vulgariser les sciences et d’exercer une influence profonde sur le milieu intellectuel de son époque.
« Son impact au Sénégal, dira Elhadji Ravane Mbaye dans ce sens, réside principalement dans le fait qu’il a permis la vulgarisation, à une vaste échelle, de la vie, de l’action, de la morale et de la tradition du Prophète.» [8]
En dehors des versifications d’ouvrages et oraisons, Elhadji Malick Sy a laissé derrière lui d’autres poèmes consacrés à d’autres genres littéraires, notamment aux conseils, à l’éthique, au soufisme, à l’éloge du Prophète, etc. Aussi Elhadji Malick Sy intègre-t-il le courant général des poètes qui ont adopté la poésie en tant que mode d'expression spirituelle comme Rûmî (m.1273), Hallâj (m.922), Bûṣîrî (m.1211) et  ‘Atṭṭâr (m.1220), etc.
Elhadji Malick Sy laissa derrière lui deux livres majeurs en prose : « Ce qui suffit à ceux qui désirent un guide vers la présence du Maître des mondes» (Kifâyat al-râghibîn),  ainsi que sa « Réduction au silence du dénégateur » (Ifḥâm al-nukir al-jânî). Le premier est consacré à la Loi et à la Voie où il insiste sur la nécessité d’une conformité entre les deux. Le deuxième ouvrage est consacré à la Tijâniyya. À la fin des deux livres, Elhadji Malick Sy fait un résumé de l’essentiel en poésie.

Elhadji Malick Sy (m. 1922)
Elhadji Malick Sy (m. 1922)


Elhadji Malick Sy fils et maître de la Tijâniyya [9]

Elhadji Malick Sy est issu d’une famille spirituelle. L’affiliation de son père à une voie soufie reste à confirmer ; mais son oncle maternel et sa mère étaient tous les deux initiés à la Tijâniyya par Elhadji Umar Tall (m.1864).  En outre, contrairement à ce qu’affirme Moriba Magassouba, Mawdo n’est pas affilié à la Voie par les cheikhs maures de Traza[10]. Pas uniquement par ceux-là du moins. La première personne ayant initié Elhadji Malick à la Tijâniyya, alors qu’il était âgé de dix-huit ans[11], fut son oncle Alpha Mayoro qui, nous l’avons vu, avait été initié à la voie de cheikh Ahmed Tijânî  par Elhadji Umar[12]. Ce dernier, bien qu’ayant reçu des initiations de la part des Maures, « affectera […] de ne considérer authentique que son initiation par Mohamed Al-Rali [13]. »  Paul Marty confirme cette affiliation en disant que « c’est donc par Mohammed al-Râli[14] qu’Al-Hadj Omar et ses fidèles d’aujourd’hui se rattachent canoniquement à Si Ahmad Tidjani, le fondateur et premier grand-maître de l’ordre. » [15]  D’ailleurs, Elhadji Malick Sy ne dit pas autre chose :
« Ma silsila (chaîne initiatique) passe par Mayoro, l’homme aux nobles caractères,
Par notre maître Umar, réputé pour sa générosité
Par mon maître al-Ghâlî, par le Sceau de la Sainteté (khatm al-niẓâm)
Abû al-‘Abbas[16] le maître de tous les grands saints[17]. »
Après avoir reçu une autorisation de la part de son oncle, Elhadji Malick Sy a obtenu d’autres ijâza[18] qui lui étaient attribuées par des représentants les plus réputés de la Voie à leur époque[19]. C’est avec ces différentes chaînes d’autorisation qu’Elhadji Malick Sy devint un représentant (khalîfa[20]) de la Voie ; et pas des moindres. La majorité des chaînes d’initiation à la Tijâniyya que connaît le Sénégal d’aujourd’hui passe par lui. Et dans son ifḥâm al-munkir al-jânî, il affirme que 
«  celui qui, à travers notre chaîne, reçoit cette considération[21], bénéficie de l’accès au secret de l’Héritage spirituel (Sirr al-ḫilâfa) de notre Maître at-Tijânî (Que Dieu l’agrée) quand bien même il ne ferait pas partie de sa famille. Sache, cependant, que notre chaîne initiatique se trouve difficilement chez les autres adeptes de la ṭarîqa eu égard à l’accès à la grande Ouverture, (al-Fatḥ al-Akbar) dont elle permet la possibilité, pour tous ceux qui en bénéficient, de recevoir de Dieu, de Son Envoyé et de notre Maître. Aussi, sont-ils tous des califes au sens réel et non métaphorique du terme[22]. » 

Islamisation par la décentralisation : le rôle de la Tijâniyya

Le Sénégal vivait sous la domination coloniale à l’époque d’Elhadji Malick Sy lequel ne pouvait qu’attirer l’attention des colonisateurs compte tenu de la résistance armée que les Français ont connue de la part d’adeptes de la Tijâniyya[23] tels Elhadji Oumar Tall, Maba Djakhou Ba ou Ahmad Cheikhou[24],. La croissance importante des disciples d’Elhadji Malick Sy, comme ceux d’autres maîtres spirituels, invita les colonisateurs à mettre en place une stratégie d’occupation qui consistait à surveiller le moindre déplacement des marabouts. C’est dans le cadre de cette surveillance que Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (m.1927), le guide fondateur de la Mouridiyya, devait être déporté au Gabon en 1895 et en Mauritanie en 1903[25].

Dans une telle atmosphère, il n’était pas rationnel de mener une résistance armée contre les Français pour sauvegarder la foi musulmane. Au contraire, il fallait faire valoir « un islam qui récuse la guerre sainte militaire pour privilégier la constitution de communautés solides, stables et productives [26]. » Les chefs religieux qui vivaient au Sénégal l’avaient bien compris. C’est ainsi qu’ils menaient un autre combat, que Dr Ravane Mbaye a émerveillement nommé « la résistance pacifique [27]. » 

Aussi Elhadji Malick Sy se montrait-il pacifiste vis-à-vis des Français qui l’invitaient assez souvent pour se servir de son influence[28].  On peut lire sous la plume de Destaing, l’auteur du « Rapport sur les écoles coraniques du Sénégal » à l’époque coloniale, les mots suivants :
« J’interroge aussi directement que possible Si’l [29] Hâdji sur ses besoins, ses désirs. Il me répond : ‘‘j’aime ma vie calme et studieuse, je ne demande qu’à enseigner tranquillement ici et à remplir en paix les devoir de ma religion. » L’auteur du rapport conclue en disant que « à part un savant, nullement fanatique ou malveillant, Si’l Hâdj Malick est un personnage religieux qui ne manifeste aucun sentiment d’hostilité[30]. »

Ceci fait qu’il est facile aujourd’hui d’entendre ici et là qu’Elhadji Malck Sy était allié des Français. Mais ces relations lui ont permis d’accélérer sa stratégie d’islamisation du Sénégal, par l’enseignement et l’éducation soufie. Iba Der Thiam appelait d’ailleurs à plus de nuances sur les rapports entre Elhadji Malick Sy et le Colonisateur :
« Bien qu’appartenant à une longue tradition de Jihad armée, souligne l’historien sénégalais, il a compris qu’après l’invention du téléphone sans fil, celle de la Quinine, du télégraphe, du chemin de fer et du Morse ; qu’après l’invention de la carte d’état-major, du blindage des navires […] de la mitrailleuse et de la dynamique, la guerre avait changé d’échelle et d’essence. Le courage, la vaillance, la témérité intrépide, l’esprit de sacrifice, l’héroïsme pour tout dire, ne pouvaient plus venir à bout de la supériorité technologique. Il réalisa, dès ce moment -là, qu’après avoir conquis la terre, le pouvoir et la force de travail des sénégalais, il ne restait plus au colonisateur, pour les assujettir définitivement, qu’à régner sur les consciences. […] l’enjeu n’était plus la conquête d’un espace territorial, mais celle d’un espace spirituel. Convaincu que le plus fort ne serait jamais assez fort, tant qu’il n’aurait pas régné sur les consciences, Elhadji Malick Sy décida de devancer le système colonial dans cette voie. [31] »

En revanche, rien qu’une simple lecture de sa démarche permettra d’avancer, avec Saliou Dramé, que « son attitude vis-à-vis de l’autorité politique découlait plutôt d’un réalisme hautement stratégique[32]. »
C’est grâce à cette démarche qu’Elhadji Malick Sy a pu former une élite intellectuelle dans sa fameuse université populaire de la ville de Tivaoune, qui est aussi la capitale spirituelle d’une grande partie des Tijanes vivant au Sénégal. « Il déploya une pédagogie dynamique par l’implantation dans et hors du territoire du Sénégal des centres d’éducation, véritables pôles de vivification de l’islam[33]. » À la fin de leur parcours,  Elhadji Malick Sy donnait à chacun de ses élèves une ‘ijâza. Ces derniers « animeront différents zâwiya secondaires et formeront à leur tour, d’autres disciples et adeptes de la tijâniya [34]. » Ils diffuseront les enseignements islamiques et fonderont d’autres écoles pour répandre l’enseignement de Mawdo [35].
La démarche d’Elhadji Malick Sy, qui consistait à mener une pédagogie d’islamisation par la décentralisation et par l’initiation à la Tijâniyya, est la raison pour laquelle il donnait souvent une ijâza à ses disciples, laquelle izâza les liait directement au fondateur de la Voie : Cheikh Ahmed Tijânî.
Cette ijâza est d’une importance centrale dans le Soufisme puisqu’il faut, pour être compté parmi les mutaṣawwifîn [36], être rattaché « à une silsilah [37] régulière, car la transmission de l’‘‘influence spirituelle’’, disait René Guénon, qui s’obtient par ce rattachement est […] la condition essentielle sans laquelle il n’est point d’initiation, fût-ce au degré le plus élémentaire[38]. » La raison en est que c’est la chaîne initiatique, silsila « qui a permis d’acheminer jusqu’à aujourd’hui cette présence spirituelle (madad) qui transforme les cœurs en profondeur. [39]» 
« Le développement de la personne, disait Amadou Hampaté Bâ, va s’accomplir au rythme des grandes périodes de la croissance du corps, dont chacune correspond à un degré d’initiation. L’initiation, poursuit-il, a pour but de donner à la personne psychique une puissance morale et mentale qui conditionne et aide la réalisation parfaite et totale de l’individu. [40] »

En conférant des ijâza à ses disciples, Elhadji Malick Sy avait pensé à tout cela.
Cette élite qui avait la tâche de former d’autres formateurs intellectuels et éducateurs spirituels, invite certains universitaires à considérer Elhadji Malick Sy comme fondateur d’une branche de la Tijâniyya au Sénégal[41] » C’est ce qu’exprime Constant Hamès dans l’un de ses articles en citant Alphonse Gouilly qui dit que «  la branche de la Tidjâniyya fondée par al-Hâdj Malick Sy[42] […] s’est signalée dès sa fondation par ‘‘le souci constant qu’ont ses membres de répandre autour d’eux la science coranique’’. [43] » Inutile de rappeler que cette affirmation est fausse et qu’Elhadji Malick Sy n’a jamais fondé une branche de la Tijâniyya. Mawdo est, tout simplement, propagateur d’un ordre qu’il avait trouvé sur place, comme l’a bien précisé Saliou Dramé [44] qui, ailleurs, souligne qu’il « est une évidence que le Cheikh El Hadj Malick Sy n’est pas le fondateur de la confrérie tidjane qui est l’œuvre de Cheikh Ahmad Tidjane, et que celle-ci a même d’autres précurseurs que lui au Sénégal. Mais sa nouvelle méthode pour la vulgarisation de la confrérie au Sénégal lui a conféré cette image qui semble éclipser ses prédécesseurs. [45] » Dans ce sens, nous pouvons admettre, avec Said Bousbina, que « le nom d’al-Hajj Malick Sy se confond, si ce n’est avec la propagation, du moins avec la consolidation de la Tijaniyya dans les différentes régions du Sénégal […] à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. [46]»
Voilà qu’il y a bientôt un siècle, Maurice Delafosse écrivait sur l’islamisation de l’Afrique noire que « l’islamisation des noirs accomplie depuis le XVe siècle par les conquérants musulmans était superficielle et un certain nombre d’entre eux, notamment au Soudan, rejetèrent le Coran pour revenir au fétichisme [47] » C’est ainsi que les marabouts de cette époque, tel Elhadji Malick Sy, se servaient plus de l’éducation soufie pour maintenir la foi de la masse des Noirs. Et c’est en grande partie grâce à cela que l’islam a pu faire face au projet des colons[48] qui combattaient l’influence maghrébine pour  empêcher l'expansion de l'islam politique par les échanges entre les deux rives du Sahara[49] et qui menaient aussi une politique d’assimilation sociale et culturelle[50].
Parlant des facteurs d’islamisation du pays, Joseph Cuoq avoue que « ce sont les confréries qui ont le plus contribué, depuis un siècle, à l’islamisation du Sénégal. [51]» La Tijâniyya, étant la confrérie la plus répandue dans le pays[52], Cuoq nous dit que « celui qui devait donner une vive impulsion à cette confrérie au Sénégal au XXe siècle a été le Hâjj Mâlik Sy… [53] »
Bakary Sambe va dans le même sens que M. Cuoq. Dans son ouvrage Islam et diplomatie, parlant de la Tijâniyya, il précise que
 « cette confrérie [la Tijâniyya] est présentée par les religieux comme ayant occupé une place centrale dans la préservation de ce qu’ils appellent ‘‘l’identité musulmane’’ du Sénégal contre les deux ennemis que seraient l’animisme et la domination coloniale. [54] »

Conclusion

De ce qui a précédé, nous pouvons conclure que l’islamisation de la masse sénégalaise n’a été possible que grâce à la démarche des maîtres confrériques qui ont adopté une diplomatie religieuse on ne peut plus originale.  Ils ont vécu dans un contexte de domination coloniale où toute entreprise d’islamisation par le sabre aurait échoué compte tenu de l’avancé technologique dont bénéficiait le colonisateur.

En procédant par une islamisation par la décentralisation, les confréries soufies ont pu résister pacifiquement à la politique d’assimilation que menaient les Français. Dans cette islamisation, nous l’avons vu, la Tijâniyya, la confrérie la plus répandue au Sénégal, a joué un rôle important. Et comme le montre les propos de Joseph Cuoq, mais aussi ceux d’autres intellectuels que nous avons cités, celui qui a le plus propagé la Tijâniyya au Sénégal n’est personne d’autre qu’Elhadji Malick Sy. Ainsi, grâce à Elhadji Malick Sy, la Tijâniyya, cette confrérie soufie d’origine maghrébine, marquera à jamais l’histoire de l’islamisation du Sénégal.

__________________
[1] L’année de sa naissance reste inconnue. La tradition orale remonte sa naissance tantôt à 1852 ou 1853, tantôt à 1855 ou 1856. La plupart des biographies que nous avons consultées le font naitre en 1857. Pour plus de détail, voir, Elhadji Ravane Mbaye,  Le grand savant Elhadji Malick Sy ; pensée et action, Albouraq, 2003, t.1, pp. 62-65.
[2] Ibid., p.55.
 [3] Ibid., p.61 ; Amir Sambe, Al-’Adab al-sinġâlî al-‘arabî, Alger, Al-Šarika al-waṭaniyya li al-našr wa al-tawzî‘, 1979, vol. II, p.120.
[4] Amir Sambe, op.cit., p.120.
 [5] Ce système d’apprentissage existe toujours au Sénégal dans les milieux traditionnels. Après avoir mémorisé le Coran, l’étudiant se met à apprendre le droit musulman selon le rite Malikite. Une fois ce domaine maitrisé, le maître choisit les autres domaines que le disciple doit apprendre. Il est intéressant de noter vis-à-vis ce système qu’il arrive parfois que le disciple arrête les études pour aller travailler ou immigrer une fois le droit maitrisé. De ce fait, il existe beaucoup de spécialistes en droit mais qui sont illettrés.
[6] Plus les sept années consacrées à la mémorisation du Texte sacré.
[7] Éric Geoffroy, Un éblouissement sans fin : la poésie dans le Soufisme, Paris, Seuil, 2014, p.20.
[8] Elhadji Malick Sy, Khilâsou Dhahab : l’Or Pur sur la vie du Prophète, s.l. Imprimerie Beni Snassen, s.d., p.9.
[9] Pour plus de développements sur la confrérie Tijâniyya, le lecteur pourrait se référer à Adnani Jillali El, La Tijâniyya 1781-1881 : les origines d’une confrérie religieuse au Maghreb, Rabat, Marsam, s.d. ; Barrâda Sidi Ali Harazim, Perles des sens et réalisation des vœux dans le flux d’Abu-l-‘Abbâs at-Tijânî, (traduit de l’arabe par Elhadji Ravane Mbaye), Albouraq, 2011 ; Diouf Papa Assane, Le quiétisme, doctrine de la confrérie musulmane tidjaniya, Paris, L’Harmattan, 2012 ; Mbaye Elhadji Ravane,  Le grand savant Elhadji Malick Sy ; pensée et action, Albouraq, 2003 ; Triaud Jean-luis et Robinson David (dir.),  La Tjâniya : une confrérie musulmane à la conquête de l’Afrique, Karthala, 2000.
[10] Moriba Magassouba, L’islam au Sénégal. Demain les mollahs ?, Paris, Karthala, 1995, p.43.
[11] ‘Abd al-bâqî Miftâḥ, ’Aḍwâ’un ‘alâ al-shayḫ Aḥmad al-tijjânî wa atbâ‘ihî, Beyrouth, Dâr al-kutub al-‘ilmiyya, 2009, p. 255.
[12] Selon la tradition orale, Alpha Mayoro n’était qu’un dépositaire de l’iğâza d’Elhadji Malick Sy. En effet, alors qu’Elhadji Malick n’était pas encore né, Elhadji Oumar aurait dit « je suis en train de voir dans le ventre de sa mère, l’enfant qui devrait répandre la Voie dans tout le pays ». Alpha Mayoro disposait aussi d’une autre ‘iğâza proférée par un certain Mawlud Fall al-Ya‘qûbî.
[13] L’auteur de cette phrase écrit Al-Rali ce qui est une erreur. La personne en question s’appelait Muhammad al-Ghâlî et pas al-Râlî. Il était un disciple direct de Cheikh Ahmad Tijânî. Cette phrase est de Paul Marty. Cf., Paul Marty, Etudes sur l’islam au Sénégal, Paris, Ernest Leroux, 1917, t.I,  p. 90 ; Fernand Quesnot, « Les cadres maraboutiques de l’islam sénégalais » in Notes et études sur l’islam en Afrique noire, Paris, C.H.E.A.M, 1962, p.133.
[14] La même erreur que nous avons signalée plus haut est à noter.
[15] Paul Marty, op.cit., p.90.
[16] Abû al-‘Abbâs est l’un des surnoms de Cheikh Ahmad Tijânî.
[17] Elhadji Malick Sy, Dîwân, manuscrit personnel, p.318.
[18] Une ijâza est un diplôme conféré pour que la personne en question puisse initier d’autres à la Voie.
[19] Par souci de synthèse, nous ne voulons pas les nommer ici. Mais il est probable que c’est cela qui a fait Moriba Magassouba attribuer à Elhadji Malick Sy une affiliation mauritanienne, puisqu’il y a des mauritaniens dans la liste qui serait longue à énumérer. Nous renvoyons à Elhadji Ravane Mbaye, op.cit., t.I pp.102-103 ; t.III.pp.48-78.
[20] Un ḫalîfa dans la Tijâniyya est un tenant-lieu spirituel de Cheikh Ahmad Tijâni. Il doit servir de guide spirituel à tous les adeptes vivant près de lui.  Il faudrait aussi noter que dans la Tijâniyya, on parle de Cheikh Ahmad Tijânî en tant que guide de la Voie, bien qu’il eût coutume de dire quel seul le Prophète est maître dans la ṭarîqa, et tous ceux qui viendront le succéder seront appelés des ḫulafâ’.
[21] Il fait référence à l’initiation
[22] Elhadji Ravane Mbaye, op.cit., t.III, p 75.
[23] Il est fréquent d’entendre, ici et là, que les Tijanes étaient alliés des Français contre l’Émir Abdel Kader en Algérie. Cette affirmation est infondée et n’a rien d’objectif, si nous savons que tous les problèmes entre l’Émir et Muhammad al-Ḥabîb al-Tijânî ont eu lieu après le Traité de Tafna entre l’Émir et les Français. Étant donné que ceci n’est pas le sujet de notre travail, nous n’allons pas l’aborder ici. Toutefois, nous avons en possession une copie de la lettre que l’Émir avait écrite à Muhammad al-Ḥabîb pour  s’excuser !
[24] Tous les trois furent des tidjanes résistant à l’entreprise coloniale.
[25] Sur ce personnage, cf., Ousseynou J. M. Gueye, Ahmadou Bamba, le solitaire de Dieu, sl., 2014.
[26] Mamadou Diouf, Histoire du Sénégal : le modèle islamo-wolof et ses périphéries, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, p. 117.
[27] Elhadji Ravane Mbaye., op.cit., t.1, pp.447-480.
[28] Amir Sambe, op.cit., p.124-125.
[29] Si est un terme raccourci qui veut dire tout simplement Al-sayyid, le maître.
[30] Pour le texte du rapport, cf., Elhadji Ravane Mbaye, op.cit., t.1, pp.662-673.
[31] Cf., Iba Der Thiam, préface de : Elhadji Ravane Mbaye, op.cit., t.1, p.13-14.
[32] Saliou Dramé, Le musulman sénégalais face à l’appartenance confrérique, Paris, L’Harmattan, 2011, p.41.
[33] Colonel Birane Wade, L’islam au Sénégal, le poids des confréries ou l’émiettement de l’autorité spirituelle, Paris, Université Paris-Est, 2010, (dactylo, thèse doctorale dirigée par Papa Samba Diop et Boubakar Ly), p.123.
[34] Bakary Sambe, Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc, Gaithersburg, Phoenix Press International, 2011, p.90.
[35] Fernand Quesnot, op.cit., p.134.
[36] Ce terme désigne ceux qui suivent la voie soufie.
[37] Silsila veut dire est une chaîne initiatique.
[38] René Guénon, Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le Taoïsme, Paris, Gallimard, 1973, p.27.
[39] Faouzi Skali et Éva de Vitray-Méyérovitch, Jésus dans la tradition soufie, Paris, Albin Michel, 2013 (rééd), p.59.
[40] Amadou Hampaté Bâ, Aspects de la civilisation africaine, Paris, Présence Africaine, 1972, p.12.
[41] Mamadou Diouf fait de lui «  le fondateur de la principale branche wolof des Tijaan. » Cf., Mamadou Diouf ,op.cit.,  p. 120.
[42] C’est nous qui soulignons.
[43] Constant Hamès, « Situation présente et perspective d’avenir », in, Les voies d’Allah, Alexandre Popovic et Gilles Veinstein (dir) Fayard, 1996, p. 528.
[44] Saliou Dramé, op.cit., p.15.
[45] Ibid., p.82.
[46] Said Bousbina, « Al-Hajj Malik Sy. Sa chaîne spirituelle dans la Tijaniyya et sa position à l’égard de la presence française au Sénégal », in, David Robinson et Jean-Louis Triaud (éds), Le temps des marabouts : Itinéraires et stratégies islamiques en Afrique occidentale française v. 1880-1960, Paris, Karthala, 1997,  p.183.
[47] Cité par Fernand Quesnot, op.cit., p.131.
[48] La preuve est que selon le recensement général de la population et de l’habitat de 1988 (Direction de la prévision et de la statistique du Sénégal), édité en septembre 1992, seuls 5,44% de la population sénégalaise n’appartenaient pas aux confréries (les 5,44% comprenaient aussi les chrétiens et les animistes). Les Tijânes représentaient 50,09%. Toutefois, il faut être prudent avec ces chiffres. La plupart des gens qui sont considérés comme étant des Tijanes ne sont pas forcément initiés à la Voie. Sur la question de l’appartenance confrérique au Sénégal, nous renvoyons à l’étude de Saliou Dramé : Le musulman sénégalais face à l’appartenance confrérique, Paris, L’Harmattan, 2011.
[49] Entretien téléphonique avec dr Bakary Sambe le dimanche 7 septembre 2014 à 15h.
[50] Sur ce point cf. Elhadji Ravane Mbaye, op.cit., pp. 385-394.
[51] Joseph M. Cuoq, Les musulmans en Afrique, Paris, G-P. Maisonneuve et Larose, 1975, p. 134.
[52] Déjà à l’époque de Joseph Cuoq les Tijanes constituaient 1.029.577 de la population sénégalaise qui était estimée à 2.283.236 personnes. cf., ibid., p.139.
[53] Ibid., p.136; voir aussi Muhammad al-Ḥağûğî, Fath al-malik al-‘allâm bi tarâğim ba‘ḍ ‘ulmâ’ al-ṭarîqa al-tiğâniyya al-’a‘lâm, édité par Muhammad Râḍî Gannûn, s.l., s.d., p.396. C’est nous qui soulignons.
[54] Bakary Sambe, op.cit., p.76.
 






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