Les cahiers de l'Islam
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Samedi 19 Janvier 2013

Conclusions finales sur la conférence internationale d'Oman sur les théories du Fiqh (avril 2012) Partie 2/2


La 11 ème édition de la conférence annuelle d'Oman sur les théories du Fiqh a rendu, le mardi 12 avril 2012, ses conclusions finales sur les différents échanges qui ont eu lieu à Muscat et qui réunissait les plus grands spécialistes mondiaux de la jurisprudence islamique. Dans la première partie, nous avions évoqué succinctement les conditions nécessaires dans le processus de création de Fiqh ainsi que l'espoir porté dans les futurs générations de spécialistes du droit islamique. Nous aborderons cette fois-ci, en détail, les 18 conclusions et recommandations faites par ce conseil d'experts à l'ensemble de la oumma concernant les théories et systèmes de Fiqh.



La ville de Muscat dans le sultanat d'Oman (destination 360 ©)
La ville de Muscat dans le sultanat d'Oman (destination 360 ©)


Cette session 2012 a donné fruit à plus de 55 journaux et discussions sur le thème «Théories et systèmes du Fiqh». Après quatre journées de travaux, les conclusions finales se sont portées, entre autres, sur 18 recommandations liées à la nécessité et aux finalités du Fiqh à notre époque mais également pour les futurs générations de musulmans de par le monde.


1)

A la lumière du Coran et de la Sunna, ainsi qu'à travers les autres sources islamiques, il apparaît que la législation islamique est tout a fait en mesure de s'adapter aux différents développements et incidents contemporains. Ainsi, les musulmans doivent retrouver confiance dans leur pensée, leur héritage et projet civilisationnel. Les programmes de jurisprudence et d'études islamiques doivent aussi refléter une confiance mutuelle à travers la communication, le suivi et l'espoir pour guider la oumma (1) à l'heure actuelle et dans l'avenir.


2)

Nous devons apprendre et prêter attention aux théories juridiques depuis qu'elles représentent une importante base scientifique, lesquelles facilitent les derniers développements écrits, stimulent le processus d'Ijtihad et l'inférence des règles juridiques à travers des études sur les sujets de fiqh et sur des éléments de preuves corroborantes. Elles permettent la connexion de ces différentes théories, qui ont des objectifs de Chari'a, et de les unifier afin de déterminer le mécanisme employé pour les utiliser dans l'Ijtihad contemporain.

 

3)

Les chercheurs spécialisés dans les études islamiques doivent relier les théories juridiques à la réalité contemporaine en terme de méthodologie, d'approche, de modèles et d'exemples pratiques de manière à permettre à ces dernières d'interagir avec les sciences humaines et sociales dans leur développement contemporain.

 

4)

Nous devons étudier les règles spécifiques à chaque théorie, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique, afin de les activer dans la jurisprudence contemporaine.

 

5)

Nous devons passer en revue l'Ijtihad juridique dans les fatwas (2), les verdicts de juges et les résolutions des académies de Fiqh et subsumer chacun d'entre eux sous sa catégorie due, en terme de théories juridiques et systèmes juridiques, passés et présents.

 

6)

Les chercheurs et les universitaires intéressés par les études de Chari'a doivent comprendre les théories juridiques comme un moyen de créer une compréhension globale qui ne se limite pas à des détails et à des cas particuliers, ils doivent se référer à leurs fondamentaux et généralités. Le plus grand bénéfice revient aux chercheurs d'Usul al Fiqh (principes de la jurisprudence islamique) et de as Siyasah ash-Shari'a (Charia'a basée sur la politique) qui ont enseigné dans les différents départements islamiques et universités.

 

7)

Il est nécessaire que les chercheurs, qui se spécialisent dans les études juridiques, étudient soigneusement la langue arabe, maîtrisent sa littérature et ses différentes disciplines car c'est un pré requis pour pratiquer l'Ijtihad (raisonnement juridique) et l'inférence des règles légales. Par conséquent, l'interaction, la coopération et la collaboration entre les ministères de la langue arabe et les départements d'études islamiques et juridiques dans les universités, sont nécessaires.

 

8)

Nous devons tenir compte de l'héritage juridique de toutes les madhabs (écoles juridiques), en termes de base et de pratique, à la lumière de la théorisation juridique. De plus, les différentes madhabs islamiques devraient être comparer les unes aux autres en vue de déterminer des dénominations communes et des principes partagés pour améliorer l'interaction intellectuelle et la corrélation mentale.

 

9)

Des théories juridiques particulières, comme la précaution et les théories de capacité, devraient être liées avec leurs sources d'Usul Al Fiqh, avec l'étude de leur dénominations communes et les applications diverses dans toutes les madhabs islamiques.

 

10)

Des théories juridiques doivent être étudiées en fonction de leur champs, de manière à faire une différenciation entre les théories de circonstances normales, comme la théorie de dommages, et les théories de circonstances exceptionnelles, comme les théories de nécessité et d'urgence.

 

11)

Une attention particulière doit également être accordée aux théories de portée universelle, dans le but d'indiquer la préséance de la législation islamique, comme par exemple l'abus de la théorie de droit et ses applications dans les lois publiques et privées.

 

12)

La théorie des relations internationales dans la jurisprudence islamique doit être présentée et liée à ses racines méthodologiques et aux règles juridiques, en plus de mettre en évidence les écrits antérieurs dans le domaine. Tout ce qui précède doit être mis à la disposition des sciences politiques et aux départements de relations internationales dans les universités.

 

13)

Un intérêt particulier doit être porté à l'étude méthodologique développée par les savants d'Usul Al Fiqh, elle est une base pour la recherche scientifique, une façon d'étudier le patrimoine islamique en général et l'école ibadhi (3) en particulier, un moyen de permettre la réflexion critique sur des questions liées aux Usul al Fiqh. Cet intérêt est d'une importance majeure pour les départements d'Usul al Fiqh, du Coran et de la Sunna.

 

14)

Les encyclopédies de jurisprudence et les livres de fatwa constituent une riche ressource pour l'histoire du fait qu'ils étudient les théories juridiques dans leur contexte historique. Il est donc nécessaire d'accorder une attention particulière à ces encyclopédies en vue d'illustrer le réalisme de la jurisprudence islamique et faire la chronique de certaines de ces théories. Ainsi, cela produira des études concernées par l'écriture de l'histoire des théories juridiques et de leur développements illustrant de ce fait l'impact du cadre culturel dans le moulage de telles théories, soulignant les liens entre ces théories et le système global de la législation islamique, et l'emploi de ces encyclopédies et travaux de fiqh dans une rédaction correcte de l'histoire culturelle musulmane, à la fois socialement et culturellement. En effet, reconsidérer l'expérience historique à travers l'histoire juridique et culturelle est très important et doit être pris en compte par les départements des universités d'histoire, d'arts et d'études islamiques.

 

15)

Il y a des études novatrices dans le domaine de la théorisation juridique qui exigent un examen renouvelé, un traitement et une analyse, comme en premier lieu les théories de coutumes, comme le dit Ibn Barakah dans ses deux livres «At-Ta' aruf» et «Al Jami '», les relations internationales, comme mentionné par l'imam Muhammad ibn al Hassan as Shaybani dans son livre «As Siyar», et les questions de statut personnel, comme indiqué par Al Janawini. Ainsi, il est important d'attirer l'attention des chercheurs en jurisprudence et les étudiants vers ce patrimoine scientifique spécialisé. Ces questions ne concernent pas uniquement les étudiants en Chari'a, avec sa jurisprudence et sa théorie, mais également les étudiants en droit.

 

16)

Il est nécessaire de revoir les travaux des orientalistes sur le patrimoine islamique, corriger les mauvaises interprétations, dans le cadre du système juridique en terme de principes, fondements et objectifs, sans pour autant négliger les avantages apportés par ces écrits. Par ailleurs, l'intérêt persistant des autres personnes pour notre patrimoine juridique exige une lecture critique des nouvelles recherches conduites par les orientalistes, proposant ainsi des alternatives et rétablissant notre position en tant qu'autorité académique et universitaire.

 

17)

Nous devrions oeuvrer à la coopération entre les départements de droit comparé et privé de façon à modifier leurs programmes d'études en soulignant la présence des théories juridiques dans les domaines respectifs, dans les cours universitaires. En effet, ceci est considéré comme une introduction nécessaire en vue d'une jonction avec les sciences islamiques et sociales.

 

18)

Nous devons alimenter des études théoriques dans Usul al Fiqh, dans Al Ilal wal- Maqasid (causes effectives et objectifs de la Chari'a) car elles reflètent une tendance vers la révision, la critique et la modification ainsi que l'inclinaison vers la production de choses nouvelles grâce à la recherche permanente et au développement.

  
 
 

Traduction et résumé de l'article de Muhammad Fathi pour le site onislam.net (avril 2012) :
http://www.onislam.net/english/shariah/contemporary-issues/interviews-reviews-and-events/456580-fiqh-theories-conference-final-statement.html

 

(1) Oumma : La communauté de musulmans à travers le monde.

(2) Fatwa : Avis juridique prononcé par un jurisconsulte musulman (Mufti).

(3) Ibadhi : Courant minoritaire de l'Islam qui s'est distingué des Sunnites et des Chi'ites.





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