Les cahiers de l'Islam
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Muʿtazilah (المعتزلة‎) :
Le Mu’tazilisme est une école du Kalam (cf définition). En arabe, mu‘tazila est le participe du verbe i‘tazala qui signifie « se séparer » (d'où i‘tizāl, « action de se séparer »). Cette dénomination aurait été employée par certains hérésiographes musulmans (entres autres at Tabari) à propos des premiers penseurs de cette école Wāṣil b.‘Ata' et ‘Amr b.‘Ubayd qui auraient défendu une position médiane, différente de leur contemporains, sur la question du statut du fāsiq, celui qui a commis une faute grave (kabīra).
Dans un premier temps, sous les abbâssides, certainement en réaction à la diffusion des idées chiites le mutazilisme devient la doctrine officielle, avec le calife Al-Ma'mun. Mais, avec le calife Mutawakkil (847-861), la doctrine officielle devint ce que l’on nomme aujourd’hui le sunnisme, ce qui entraina le déclin progressif de l’école jusqu’à sa disparition. Au début du Xe siècle, Ash‘ari, provenant de l'école instaura une nouvelle école de pensée qui devait servir de base à la pensée sunnite dite « orthodoxe » : l’Acharisme. Les controverses entre les différentes écoles donnèrent longtemps encore de l’actualité aux thèses mu‘tazilites.
La pensée mu‘tazilite présente de nombreuses variantes selon les docteurs. Il est a noté que quasiment aucun texte original ne nous est parvenu, ce qui fait que leur pensée n'est connue qu’au travers des hérésiographes ou des contradicteurs des autres écoles. Elle est le plus souvent présentée (en particulier par les orientalistes) comme relevant du rationalisme et introduisant des éléments de la philosophie grecque.

Les principales idées de l’école sont les suivantes :

- Le monothéisme « pur » (tawhid) : Dieu ne peut être conçu par l'esprit humain.

- Dieu est juste (principe de la justice : ‘adl) et ne fait que le bien. Le mal vient de l’homme. D’autre part, Dieu ne saurait récompenser ou punir des êtres qui ne seraient pas les auteurs responsables de leurs actions. Le croyant est res-ponsable et doit défendre les intérêts de la foi et de la ‘umma quitte à se rebeller contre l’autorité. Il doit "ordonner le bien et blâmer le blamable (al-amr bil ma'ruf wa al-nahy 'an al munkar)".

- C’est pourquoi, ils défendent une certaine forme de libre arbitre de l’homme, posant « des limites » à la prédestination et professent que le jour du jugement où Dieu récompensera, avec ce qu'il leur aura promis, ceux qui lui ont obéi et punira ceux qui ont désobéi avec la damnation et les feux de l'enfer (wa‘d et wa‘id). Toutefois, ils affirment que le musulman qui commet un grand péché ne doit être considéré, dans la vie d'ici-bas, ni comme croyant, ni comme mais plutôt dans un degré intermédiaire entre les deux. Si le pécheur se repent avant sa mort, il sera reconsidéré à nouveau comme croyant. S'il ne se repent pas, il sera considéré comme mécréant et méritera l'enfer (Degré intermédiaire : al-manzilatu bayn al-manzilatayn).

Voir aussi : Abū Hassan Al Ash'ari, Chî'â (شيعة), Kalâm (كلام), Murji'ites (المرجئون), Sunnisme (سني), Tabari (at), Tawhîd (تَوْحيد), ‘adl (عَدْل)