Les cahiers de l'Islam
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Abū l-Hudhayl al-‘Allāf :
Muhammad b. al-Hudhayl b. 'Ubayd Allah b. Makhul al-'Abdi, premier grand penseur de la théologie mu‘tazilite, disciple indirect de Wāṣil b. ‘Atā' est né à Baṣra en 752 et mort à Sāmarā en 842.
A son époque Abū l-Hudhayl al-‘Allāf au à faire face aux partisans des autres religions ainsi qu’aux grands courants de pensée des précédents dualismes de l’époque représenté par les Manichéens, les Zoroastriens et les autres Gnostiques, mais aussi aux philosophes d'inspiration grecque et enfin aux les « physiciens » matérialistes de la dahriyya, qui soutenaient l'éternité du monde. Essentiellement polémique, il s'oppose de manière assez systématique, à l'anthropomorphisme de l'Islam populaire, à la théorie du déterminisme qui avait été favorisée pour des raisons politiques par les Omeyyades et la divination de ' Ali prêchée par les chiites extrêmes.
C’est ainsi qu’il fut le premier à définir bon nombre des problèmes fondamentaux qui seront traités dans le Kalam par la suite.

Pour lui :

- L'unité de la spiritualité et de la transcendance de Dieu (Tawhid) est poussée à l’extrême dans la théologie de l'Abu' l-Hudhayl afin d’atteindre le plus haut degré d'abstraction. Dieu est un. Il ne ressemble pas à ses créatures, à aucun égard. Il n'a pas d’organe. Analysant les descriptions de Dieu dans la Qurʾān, il enseigne que Dieu est « sachant » ayant la connaissance, puissant ayant du pouvoir, vivant avec de la vie, éternel de toute éternité, voyant avec la vue, etc…Chacun de ces attributs est Dieu lui-même, même si ils se distinguent ainsi les uns des autres. Cela s’oppose à la thèse des chiites professant que ces attributs font partie de son essence ainsi qu’aux thèses populaires considérant ces attributs comme ajoutés à l’essence de Dieu. Les historiens observent certaines similitudes entre sa doctrine des attributs divins et la philosophie de Pseudo-Empedocle, forgé par les néoplatoniciens et les spécialistes des sciences naturelles de l'Antiquité tardive. Un compromis qui ne satisfera pas les générations futures.

- Des doctrines de Platon et d'Aristote sur l'acte, le mouvement et la puissance, il tire "l'étrange conséquence" qu'une fois réalisés tous les objets du pouvoir divin (ce qui a lieu dans la Vie dernière après la fin du monde), Dieu n'a plus de pouvoir à exercer et qu'il cesse d'être tout-puissant.

- En ce qui concerne l'action humaine, Abū l-Hudhayl, s'appuyant sur la distinction entre deux aspects du verbe arabe, l'accompli et l'inaccompli, distingue le projet d'agir et la réalisation de l'acte. Entre les deux, l'homme a toujours le pouvoir de suspendre la réalisation.Il est pleinement responsable des actions qu'il exécute ainsi que des conséquences qu'elles entraînent (théorie du tawallud).

- Il distingue la Parole de Dieu qui a besoin d'un réceptacle (maḥall), et celle qui n'en a pas besoin. La première est la Parole créatrice : Kun (Sois !) ; la seconde comprend la Parole législatrice qui ordonne et interdit, ainsi que toutes les informations que Dieu donne dans son Livre. La Parole de Dieu est un accident (ce qui implique que pour lui, le Coran est créé). Il en est de même de sa Volonté, qui, elle, n'est jamais dans un réceptacle. Par elle, Dieu crée des successions d'accidents qui « descendent » dans les corps. Par cet intermédiaire, la liaison entre l'ordre de l'éternel et l'ordre du temporel est assurée. En physique, cela conduit à une théorie de l'atome et à l'atomicité du temps. Abū l-Hudhayl soutient que le mouvement qui descend dans une partie d'un corps composé entraîne le mouvement de ce corps tout entier.

- Dans la théorie de la connaissance, le penseur distingue la connaissance nécessaire (connaissance de Dieu et de la preuve qui engage à le connaître) et toutes les connaissances issues des sens et du raisonnement, qui sont acquises. Ainsi, une fois que l'enfant se connaît lui-même, il est tenu de connaître Dieu et les obligations dont Dieu le charge : c'est dire que tout cela relève de sa raison (‘aql). Le reste relève de l'expérience, et, dans les matières religieuses, de la tradition de bouche à oreille (samā‘). Cette distinction ‘aql-samā‘ (ou ‘aql-naql) est fondamentale dans le mu‘tazilisme.
Voir aussi : Abū Hassan Al Ash'ari