Vendredi 11 Novembre 2016

Sortir de la guerre en Bosnie-Herzégovine. Une sociologie politique du témoignage et de la civilité







Edition : KARTHALA
ISBN    9782811116538
Nombre de pages    384
Hauteur    240 mm
Largeur    160 mm
Date de publication    03/10/2016


Pour comprendre les dynamiques sociales et politiques à l’œuvre au sortir d’un conflit, cet ouvrage prend pour objet les mémoires de la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine. Dans une démarche de sociologie politique, l’auteure y explore les conditions sociales de l’expression des souvenirs de la détention en camps entre 1992 et 2010. Que nous apprennent-elles sur une société qui a connu des transformations aussi profondes que celles liées à la violente désintégration de la Yougoslavie socialiste ?

À partir d’entretiens et d’observations ethnographiques, et grâce au dépouillement d’un large corpus d’archives écrites, l’auteure réfute l’hypothèse selon laquelle les mémoires de la guerre seraient clivées selon des lignes ethnonationales. Certes, l’ouvrage met au jour un processus de politisation nationaliste des récits publics de la détention, dès les années de conflit. La prise en charge de la guerre par la justice pénale internationale favorise paradoxalement la construction par des acteurs politiques et militants bosniens d’une figure du détenu de camp comme témoin par excellence de la nature de la guerre. Toutefois, en déplaçant le regard vers l’échelle locale, l’auteure constate les limites de la politisation nationaliste des récits de la détention. En effet, le devoir de témoignage assigné aux individus y entre en concurrence avec des normes de civilité retravaillées au quotidien. Loin de l’image d’une « guerre des mémoires » ethnonationale, cet ouvrage donne à voir, dans les interactions locales, l’évitement de la politique et la discrétion de ceux qui ont été érigés en témoins.

Cette sociologie politique d’une société post-socialiste en sortie de guerre vient ainsi nourrir trois grands chantiers de recherche : les travaux sur l’engagement en tant que victimes, les recherches sur l’action collective hors des démocraties dites consolidées et les études des interventions internationales de construction de la paix. En somme, cet ouvrage contribue à l’exploration de la fabrique du politique et de la civilité au sortir d’une guerre.

Cécile Jouhanneau est maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paul Valéry Montpellier / ART-Dev. Ses recherches portent sur les sorties de guerres et les politiques européennes et internationales de construction de la paix. Elle a obtenu le Prix de thèse 2014 de l’Institut universitaire Varenne.

Table des matières
Introduction générale

PARTIE 1 : Contours et contournements de la politisation nationaliste des camps

1. Faire des détenus de camps les « témoins » par excellence de la nature de la guerre
Convertir la qualification des camps en enjeu politique
Politiser les camps depuis les marges de l’espace politique spécialisé
Recompositions de la prise en charge politique des camps (2000-2010)
La place des camps dans les nouvelles entreprises nationalistes
2. La résistance à la politisation des souvenirs de la détention
Sead : Témoignage public et reconquête de notabilité
Faruk : Interpréter la détention en retrait des collectifs
Ahmed ou la tentation du repli sur soi
Izet : dire la détention pour regrouper
Alma, à la recherche de sa paix
Penser par cas la politisation et ses limites
 
PARTIE 2 : Éviter la politique au sein de mondes sociaux morcelés

3. Une localité fragmentée malgré l’intervention internationale de paix
Ce que le nettoyage ethnique fait aux conditions sociales de communication
Les limites du volontarisme politique international (1997-2004)
4. L’expression des souvenirs des camps entre politisation et normes de civilité
La politisation des discours publics sur la guerre au niveau local
Les frontières du collectif associatif
Entretenir des normes de civilité
 
Conclusion

La sociologie des souvenirs, une sociologie politique
Les logiques sociales de l’engagement des entrepreneurs de mémoire et des victimes
Les continuités relatives du gouvernement yougoslave socialiste
Pour une sociologie du peacebuilding comme rencontre



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