Vendredi 14 Juillet 2017

Portraits croisés du Moyen-Orient (CNRS Le Journal)


Rapport au corps, migrations, réformisme religieux, conflits armés… La création en 2013 du groupement d’intérêt scientifique autour du Moyen-Orient et des mondes musulmans a dynamisé la recherche sur cette aire culturelle. Le point avec Mercedes Volait, directrice adjointe de ce GIS dont le 2e congrès se tient à Paris du 5 au 8 juillet.



Vue de la mosquée Neuve (Yeni Cami) depuis le pont de Galata, à Istanbul, en Turquie. Copyright Claude CASSARO/ SIEPHOTO/MASTERFILE


CNRS Le Journal 
Publié le 3 juillet 2017
Par Fabien Trécourt


Rapport au corps, migrations, réformisme religieux, conflits armés… La création en 2013 du groupement d’intérêt scientifique autour du Moyen-Orient et des mondes musulmans a dynamisé la recherche sur cette aire culturelle. Le point avec Mercedes Volait, directrice adjointe de ce GIS dont le 2e congrès se tient à Paris du 5 au 8 juillet.


Les révolutions arabes et les conflits actuels mettent le Moyen-Orient et les mondes musulmans au cœur de l’actualité. Selon vous, qui êtes la nouvelle directrice adjointe du groupement d’intérêt scientifique (GIS) centré sur cette « aire culturelle », quels sont les sujets de recherche les plus importants ou innovants de ces dernières années ?

Mercedes Volait : Les études sur la Turquie connaissent un essor remarquable que le projet, désormais avorté, de rapprochement avec l’Europe a certainement stimulé au départ ; elles sont actuellement confrontées à toutes les formes de violence politique que connaît le pays. Les « printemps arabes » ont évidemment suscité beaucoup d’attentes, d’interrogations et de perplexité, et conduit les chercheurs à s’intéresser de plus près à des sujets tels que l’utilisation des réseaux sociaux ou l’invention d’une contre-culture dans des régimes très autoritaires. Il est fascinant de voir, en Arabie saoudite ou en Iran par exemple, les libertés qui peuvent être prises dans l’espace privé. Parallèlement, il y a eu un vif intérêt pour les questions liées à la sexualité, à la fabrique du genre et au féminisme au Moyen-Orient. Mais l’attrait pour des sujets qui ne sont pas directement connectés à l’actualité, comme l’étude des pratiques alimentaires au Moyen Âge ou de tout ce qui touche à la langue parlée et écrite1, reste fort. À la suite du bilan dressé par le GIS dans son livre blanc – rédigé entre 2013 et 2014 –, l’islamologie renaît peu à peu. Il faudra du temps, bien sûr, car c’est une discipline particulièrement exigeante : il ne suffit pas d’apprendre l’arabe, mais il faut se plonger dans l’exégèse des textes coraniques… Cela prend des années !
 
Comment concilier ce « temps long » de la recherche et l’incitation exercée par la société à répondre aux questions sur l’islamisme, le djihadisme ou encore la radicalisation ?

M. V. : Il y a deux attitudes : certains chercheurs sont plus enclins à aborder des questions d’actualité brûlante, à prendre la parole dans le débat public, à travers les médias notamment, mais ils sont minoritaires.

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