Alors que les principes du droit international peinent à encadrer des violences extrêmes, Gaza apparaît comme un miroir tragique des dérives morales et politiques de notre époque. De l’enfermement spatial et symbolique du peuple palestinien à des actes relevant d'une intention génocidaire, le territoire devient le théâtre d’une désagrégation de l’humanité, où l’ordre mondial semble s’effacer devant l’indifférence. À un moment où la France acte, quatorze ans après un vote parlementaire favorable, la reconnaissance officielle de l’État palestinien, cette réflexion interroge les mécanismes d’aveuglement, d’impunité et de déshumanisation, dans une époque confrontée à ses propres contradictions.Pascal Lemmel
Palestine, miroir d’un ordre international défaillant
Depuis plus d’un siècle, la Palestine se trouve au carrefour des grands récits de notre temps : décolonisation, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, choc des légitimités historiques et aspirations contrariées à la souveraineté. Elle incarne, pour beaucoup, une plaie ouverte dans le tissu du droit international, et pour d’autres, un théâtre où se rejoue inlassablement la tragédie du déracinement et du refus de reconnaissance.
La Palestine contemporaine est née d’un entrelacs de promesses contradictoires : la Déclaration Balfour de 1917 engage le Royaume-Uni en faveur d’un foyer national juif, tout en assurant aux populations arabes locales que leurs droits ne seront pas lésés [1]. Ce double discours se cristallise lors de la Nakba (1948), épisode inaugural de l’exil palestinien, qui verra près de 900 000 personnes chassées de leur terre natale [2].
La Palestine contemporaine est née d’un entrelacs de promesses contradictoires : la Déclaration Balfour de 1917 engage le Royaume-Uni en faveur d’un foyer national juif, tout en assurant aux populations arabes locales que leurs droits ne seront pas lésés [1]. Ce double discours se cristallise lors de la Nakba (1948), épisode inaugural de l’exil palestinien, qui verra près de 900 000 personnes chassées de leur terre natale [2].
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Nakba, l'exil palestinien ou le "désastre" | Israël-Palestine, les mots de la guerre.
France Culture (23.10.2023)
France Culture (23.10.2023)
La mémoire palestinienne est, depuis, structurée par la dépossession et l’attente : attente d’un État, d’une justice réparatrice, d’une parole internationale à la hauteur de la tragédie vécue.
Les résolutions 242 [3] et 338[4] du Conseil de sécurité des Nations Unies posent les fondations d’un règlement fondé sur le retrait des forces israéliennes des territoires occupés. Pourtant, ces textes restent inappliqués, signalant les limites du droit international face aux rapports de force géopolitiques. La Palestine obtient en 2012 le statut d’État observateur non-membre de l’ONU, et adhère à plusieurs agences internationales, geste symbolique, mais sans traduction concrète sur le terrain [5].
Au-delà d’une fragmentation politique durable, la rivalité entre le Hamas, qui contrôle Gaza, et l’Autorité palestinienne, établie en Cisjordanie, continue de miner la cohésion interne palestinienne et affaiblit sa représentativité sur la scène diplomatique. Bien avant les événements d’octobre 2023, Gaza vivait déjà sous blocus israélien depuis 2007, réduite à une enclave de confinement et d’apartheid [6] . Parallèlement, la Cisjordanie s’est transformée progressivement en un territoire morcelé, jalonné de colonies israéliennes, de murs de séparation et de zones militaires de contrôle.
Dans ce contexte, les accords d’Abraham, signés en 2020 entre Israël et plusieurs États arabes, ont marqué un tournant dans les dynamiques régionales. En contournant la question palestinienne, ces accords privilégient une normalisation stratégique des relations au détriment des revendications de justice et d’autodétermination. Le nouveau paysage géopolitique qui en découlait redéfinissait les rapports de force au Moyen-Orient, en reléguant le conflit israélo-palestinien à l’arrière-plan des priorités diplomatiques [7].
Aussi, la cause palestinienne ne saurait être abordée comme une simple querelle frontalière : elle interpelle la conscience du monde sur le statut des peuples en marge du système étatique, sur la mémoire collective des humiliations, et sur le sens même de la justice universelle.
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L'Apartheid israélien envers le peuple palestinien : un crime contre l'humanité
(Amnesty International, 01. févr. 2022)
(Amnesty International, 01. févr. 2022)
Au-delà d’une fragmentation politique durable, la rivalité entre le Hamas, qui contrôle Gaza, et l’Autorité palestinienne, établie en Cisjordanie, continue de miner la cohésion interne palestinienne et affaiblit sa représentativité sur la scène diplomatique. Bien avant les événements d’octobre 2023, Gaza vivait déjà sous blocus israélien depuis 2007, réduite à une enclave de confinement et d’apartheid [6] . Parallèlement, la Cisjordanie s’est transformée progressivement en un territoire morcelé, jalonné de colonies israéliennes, de murs de séparation et de zones militaires de contrôle.
Dans ce contexte, les accords d’Abraham, signés en 2020 entre Israël et plusieurs États arabes, ont marqué un tournant dans les dynamiques régionales. En contournant la question palestinienne, ces accords privilégient une normalisation stratégique des relations au détriment des revendications de justice et d’autodétermination. Le nouveau paysage géopolitique qui en découlait redéfinissait les rapports de force au Moyen-Orient, en reléguant le conflit israélo-palestinien à l’arrière-plan des priorités diplomatiques [7].
Aussi, la cause palestinienne ne saurait être abordée comme une simple querelle frontalière : elle interpelle la conscience du monde sur le statut des peuples en marge du système étatique, sur la mémoire collective des humiliations, et sur le sens même de la justice universelle.
La reconnaissance de l’État palestinien par la France : un geste diplomatique (tardif), une exigence de justice
Le président Emmanuel Macron a annoncé, le 24 juillet 2025, que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre prochain [8]. Cette déclaration était attendue depuis plusieurs décennies. Dès 2014 l'Assemblée nationale française s'était prononcée pour la reconnaissance de l'état palestinien [9]. Ce geste marque une inflexion décisive dans la posture diplomatique de la République française à l’égard du conflit israélo-palestinien : la France devient le premier pays du G7 et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à franchir ce pas [10].
Dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et sur le réseau social X, Emmanuel Macron affirme que cette reconnaissance s’inscrit dans la continuité de l’engagement français pour une paix juste et durable au Proche-Orient [11]. Il souligne que cette décision repose sur les engagements pris par l’Autorité palestinienne : démilitarisation du Hamas, consolidation institutionnelle et engagement envers une gouvernance pluraliste [12] .
Bien que la position française soit singulière au sein du Conseil de sécurité de l’ONU et du G7, où les grandes puissances comme les États-Unis ou le Royaume-Uni s’opposent à une reconnaissance unilatérale, elle s’inscrit dans une dynamique mondiale et européenne déjà bien engagée. À ce jour, 148 pays membres de l’ONU reconnaissent officiellement l’État de Palestine [13], soit près de trois quarts de la communauté internationale. En Europe, 12 pays membres de l’Union européenne ont déjà franchi le pas, dont la Suède, l’Irlande, l’Espagne, la Slovénie ou encore la Pologne. Cette reconnaissance est également acquise dans la majorité des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen-Orient.
La France est donc loin d’être isolée. Elle rejoint une majorité mondiale et renforce une tendance diplomatique croissante, notamment dans le Sud global et une partie de l’Europe. Elle devient en revanche le premier pays du G7 à franchir ce cap, ce qui lui confère un poids symbolique particulier mais l’engage aussi à faire respecter les droits de la Palestine en tant qu’État souverain. Cette reconnaissance consacrera donc une transition paradigmatique entre les approches diplomatiques fondées sur la temporisation stratégique, et une dynamique de reconnaissance formelle qui tend à intégrer la Palestine dans la sphère du droit interétatique.
La reconnaissance de l’État palestinien par la France, bien que critiquée par Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahou ayant notamment dénoncé une « récompense de la terreur », en référence à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 [14] et les États-Unis comme une récompense au terrorisme ou un geste imprudent, est perçue par des spécialistes comme un levier politique essentiel [15].
Selon des spécialistes tels que Jean-Paul Chagnollaud [16], Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po spécialiste des relations internationales [17] , et Agnès Levallois, présidente de l’iReMMO [18] , la reconnaissance de l’État palestinien ne peut plus être perçue comme un simple acte symbolique. Elle constitue désormais une condition essentielle pour toute évolution politique et pour redonner un souffle à la solution fondée sur deux États. Après les événements du 7 octobre et face à un gouvernement israélien qui rejette toute idée d’État palestinien, elle appelle les pays occidentaux à revoir leur stratégie. L’expérience des accords d’Oslo, sabotés par la poursuite de la colonisation, montre qu’attendre des négociations avant de reconnaître la Palestine est une impasse. Pour espérer une solution à deux États, il faut d’abord reconnaître l’autre comme légitime et capable de négocier [19]. Avec cette reconnaissance, la France ne clôt pas un chapitre, elle en ouvre un nouveau. En septembre, une conférence internationale coprésidée avec l’Arabie saoudite pourrait réactiver les négociations, et replacer la solution à deux États au centre des débats, là où l’histoire, le droit et la conscience la réclament.
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Diplomatie en clair-obscur : les postures contrastées du monde arabe face à Gaza
Mais cette dynamique « fraichement » initiée par la France s’inscrit dans un contexte géopolitique bien plus vaste, où Gaza agit comme un révélateur brutal des contradictions et des inerties diplomatiques, aussi bien dans le monde arabe que sur le continent européen. Car si la reconnaissance de l’État palestinien se présente comme un levier potentiel de relance, elle survient dans un climat international profondément fragmenté, où les solidarités proclamées peinent à se transformer en engagements cohérents.
C’est ainsi que l’actuelle guerre à Gaza, révèle crûment les lignes de fracture au sein des États arabes et musulmans. Derrière une solidarité affichée, les postures divergent entre confrontation assumée, diplomatie d’influence ou repli doctrinal.
Alors que l’Iran, se pose en chef de file de « l’axe de la résistance » face à Israël, Doha qui accueille depuis 2012 la direction politique du Hamas, joue un rôle central dans les négociations de cessez-le-feu. Malgré sa proximité avec les Frères musulmans, le Qatar réussit à maintenir des relations étroites avec Washington et l’ONU, en misant sur son statut de médiateur pragmatique.
La position de l’Égypte est plus complexe encore. Acteur historique du dossier palestinien et médiateur clé, le Caire rejette toute implication islamiste dans la gouvernance de Gaza. Depuis 2013, les Frères musulmans sont bannis du territoire, qualifiés d’organisation terroriste. Cette hostilité doctrinale restreint sa capacité à reconnaître le Hamas, malgré une coordination étroite avec le Qatar. En parallèle, l’Égypte a fermement rejeté le projet israélien de « ville humanitaire » à Rafah, craignant un exode massif menaçant sa sécurité nationale.
Dans le Maghreb, les ambiguïtés s’accumulent : l’Algérie défend la cause palestinienne dans une posture anticoloniale cohérente, la Tunisie peine à traduire ses discours en actes législatifs [20], et le Maroc concilie un soutien officiel à la Palestine avec un rapprochement stratégique avec Israël [21] via les accords d’Abraham.
De leur côté, l’Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats arabes unis ont proposé un plan de reconstruction de Gaza de 53 milliards de dollars, tout en écartant le Hamas, préférant un modèle de gouvernance technocratique [22]. Ce projet, salué par l’ONU mais critiqué par Israël et Washington, vise à redessiner Gaza sans en renverser les équilibres régionaux.
Pour sa part, face à la guerre à Gaza, la Turquie affiche une ligne résolument dure : suspension totale des échanges commerciaux avec Israël, condamnation virulente des opérations militaires, et médiation active aux côtés du Qatar. Ces gestes, très visibles, répondent autant à une logique idéologique qu’à une volonté d’influence régionale. La rhétorique antisioniste du président Erdoğan parle à son électorat et au monde musulman, mais derrière le discours s’opère un pragmatisme géopolitique assumé. Dans Le Diplomate.Media, Giuseppe Gagliano écrit que « La position de la Turquie dans le conflit Iran-Israël est un chef-d’œuvre d’ambiguïté » [23]. Le soutien à l’Azerbaïdjan, la présence militaire en Syrie, les échanges économiques avec Téhéran et l’appartenance à l’OTAN traduisent une diplomatie d’équilibriste. Ankara cherche à convertir la crise gazaouie en levier stratégique, tout en naviguant entre la méfiance israélienne et les incertitudes iraniennes, notamment dans le contexte de la mise en pause des négociations nucléaires et de la menace de retrait iranien du TNP. Dans un Moyen-Orient marqué par une instabilité chronique, la Turquie avance en funambule : affichant sa solidarité avec Gaza, mais calibrant chaque mouvement pour ne pas compromettre ses alliances. Une posture hybride, entre militantisme calculé et diplomatie adaptative.
C’est ainsi que l’actuelle guerre à Gaza, révèle crûment les lignes de fracture au sein des États arabes et musulmans. Derrière une solidarité affichée, les postures divergent entre confrontation assumée, diplomatie d’influence ou repli doctrinal.
Alors que l’Iran, se pose en chef de file de « l’axe de la résistance » face à Israël, Doha qui accueille depuis 2012 la direction politique du Hamas, joue un rôle central dans les négociations de cessez-le-feu. Malgré sa proximité avec les Frères musulmans, le Qatar réussit à maintenir des relations étroites avec Washington et l’ONU, en misant sur son statut de médiateur pragmatique.
La position de l’Égypte est plus complexe encore. Acteur historique du dossier palestinien et médiateur clé, le Caire rejette toute implication islamiste dans la gouvernance de Gaza. Depuis 2013, les Frères musulmans sont bannis du territoire, qualifiés d’organisation terroriste. Cette hostilité doctrinale restreint sa capacité à reconnaître le Hamas, malgré une coordination étroite avec le Qatar. En parallèle, l’Égypte a fermement rejeté le projet israélien de « ville humanitaire » à Rafah, craignant un exode massif menaçant sa sécurité nationale.
Dans le Maghreb, les ambiguïtés s’accumulent : l’Algérie défend la cause palestinienne dans une posture anticoloniale cohérente, la Tunisie peine à traduire ses discours en actes législatifs [20], et le Maroc concilie un soutien officiel à la Palestine avec un rapprochement stratégique avec Israël [21] via les accords d’Abraham.
De leur côté, l’Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats arabes unis ont proposé un plan de reconstruction de Gaza de 53 milliards de dollars, tout en écartant le Hamas, préférant un modèle de gouvernance technocratique [22]. Ce projet, salué par l’ONU mais critiqué par Israël et Washington, vise à redessiner Gaza sans en renverser les équilibres régionaux.
Pour sa part, face à la guerre à Gaza, la Turquie affiche une ligne résolument dure : suspension totale des échanges commerciaux avec Israël, condamnation virulente des opérations militaires, et médiation active aux côtés du Qatar. Ces gestes, très visibles, répondent autant à une logique idéologique qu’à une volonté d’influence régionale. La rhétorique antisioniste du président Erdoğan parle à son électorat et au monde musulman, mais derrière le discours s’opère un pragmatisme géopolitique assumé. Dans Le Diplomate.Media, Giuseppe Gagliano écrit que « La position de la Turquie dans le conflit Iran-Israël est un chef-d’œuvre d’ambiguïté » [23]. Le soutien à l’Azerbaïdjan, la présence militaire en Syrie, les échanges économiques avec Téhéran et l’appartenance à l’OTAN traduisent une diplomatie d’équilibriste. Ankara cherche à convertir la crise gazaouie en levier stratégique, tout en naviguant entre la méfiance israélienne et les incertitudes iraniennes, notamment dans le contexte de la mise en pause des négociations nucléaires et de la menace de retrait iranien du TNP. Dans un Moyen-Orient marqué par une instabilité chronique, la Turquie avance en funambule : affichant sa solidarité avec Gaza, mais calibrant chaque mouvement pour ne pas compromettre ses alliances. Une posture hybride, entre militantisme calculé et diplomatie adaptative.
Dans ce climat de postures éclatées, Gaza devient un miroir déformant des contradictions du monde arabe, mais aussi des hésitations européennes.
Cependant, face à l’inertie diplomatique, la rue arabe et parfois européenne s’est mobilisée massivement. À Amman, Rabat, Tunis, Alger, Paris ou Londres, des centaines de milliers de manifestants ont dénoncé les bombardements et exigé la fin du blocus. D’après une enquête du Arab Center Washington DC (avril 2025), plus de la moitié des citoyens arabes dénoncent l’attitude de leurs gouvernements (entre 54% et 67% selon le gouvernement considéré) dans le conflit gazaoui, en particulier pour les pays accusés de normaliser ou d’entretenir des liens avec Israël. Le Qatar fait figure d’exception relative, perçu plus favorablement grâce à son activisme diplomatique. 89 % rejette l’idée d’une reconnaissance d’Israël [24] reconnaissance d'Israël . Ce fossé entre les peuples et leurs dirigeants illustre une crise de légitimité politique, où l’indignation populaire peine à se traduire en action diplomatique.
Le contraste est saisissant entre les mobilisations populaires, massives et transnationales, et les postures diplomatiques souvent molles ou tardives. Face à ce décalage grandissant entre mobilisations populaires et inertie diplomatique, une autre dynamique semble donc s’amorcer : celle du recours aux instruments juridiques internationaux.
Cependant, face à l’inertie diplomatique, la rue arabe et parfois européenne s’est mobilisée massivement. À Amman, Rabat, Tunis, Alger, Paris ou Londres, des centaines de milliers de manifestants ont dénoncé les bombardements et exigé la fin du blocus. D’après une enquête du Arab Center Washington DC (avril 2025), plus de la moitié des citoyens arabes dénoncent l’attitude de leurs gouvernements (entre 54% et 67% selon le gouvernement considéré) dans le conflit gazaoui, en particulier pour les pays accusés de normaliser ou d’entretenir des liens avec Israël. Le Qatar fait figure d’exception relative, perçu plus favorablement grâce à son activisme diplomatique. 89 % rejette l’idée d’une reconnaissance d’Israël [24] reconnaissance d'Israël . Ce fossé entre les peuples et leurs dirigeants illustre une crise de légitimité politique, où l’indignation populaire peine à se traduire en action diplomatique.
Le contraste est saisissant entre les mobilisations populaires, massives et transnationales, et les postures diplomatiques souvent molles ou tardives. Face à ce décalage grandissant entre mobilisations populaires et inertie diplomatique, une autre dynamique semble donc s’amorcer : celle du recours aux instruments juridiques internationaux.
Légitimer par le droit : une diplomatie de la réparation
Loin d’être cantonnée à la sphère politique, la question palestinienne s’invite désormais dans les arènes du droit, où la légitimité des revendications ne dépend plus uniquement des rapports de force diplomatiques, mais de leur recevabilité devant les institutions multilatérales.
La reconnaissance de la Palestine par la France semble donc s’inscrire dans un mouvement juridico-politique plus large. Un « geste » étroitement lié aux initiatives portées par la Cour Pénale Internationale (CPI) et aux démarches des Nations Unies, notamment les rapports de Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Ces éléments convergent pour faire émerger un nouvel agencement discursif dans lequel la Palestine est appréhendée non plus uniquement comme un problème politique contingent, mais comme une entité de droit susceptible de faire valoir ses prétentions devant les institutions internationales.
Depuis l’adhésion de la Palestine au Statut de Rome en 2015 [25], la CPI est compétente pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est [26]. C’est pourquoi à la suite d’une requête déposée par l’autorité Palestinienne (en date du 13 juin 2014), en mars 2021, la procureure de la CPI Fatou Bensouda avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur les crimes de guerre présumés commis par toutes les parties au conflit israélo-palestinien [27]. Bien que cette enquête ait été entravée, sous-financée, peu priorisée, et marquée par l’absence de missions sur le terrain [28], elle a été finalement suivie en 2024 par l’émission par le procureur Karim Khan de mandats d’arrêt [29] visant des dirigeants israéliens et du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité [30] [31]. Cette requête, inédite dans le dossier palestinien, a marqué une rupture : elle a inscrit la Palestine dans le champ actif du droit pénal international, aux côtés d’autres situations jugées prioritaires tout en manifestant une volonté d’objectivation des violations au-delà des clivages diplomatiques.
La reconnaissance de la Palestine par la France semble donc s’inscrire dans un mouvement juridico-politique plus large. Un « geste » étroitement lié aux initiatives portées par la Cour Pénale Internationale (CPI) et aux démarches des Nations Unies, notamment les rapports de Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur les droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. Ces éléments convergent pour faire émerger un nouvel agencement discursif dans lequel la Palestine est appréhendée non plus uniquement comme un problème politique contingent, mais comme une entité de droit susceptible de faire valoir ses prétentions devant les institutions internationales.
Depuis l’adhésion de la Palestine au Statut de Rome en 2015 [25], la CPI est compétente pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est [26]. C’est pourquoi à la suite d’une requête déposée par l’autorité Palestinienne (en date du 13 juin 2014), en mars 2021, la procureure de la CPI Fatou Bensouda avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur les crimes de guerre présumés commis par toutes les parties au conflit israélo-palestinien [27]. Bien que cette enquête ait été entravée, sous-financée, peu priorisée, et marquée par l’absence de missions sur le terrain [28], elle a été finalement suivie en 2024 par l’émission par le procureur Karim Khan de mandats d’arrêt [29] visant des dirigeants israéliens et du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité [30] [31]. Cette requête, inédite dans le dossier palestinien, a marqué une rupture : elle a inscrit la Palestine dans le champ actif du droit pénal international, aux côtés d’autres situations jugées prioritaires tout en manifestant une volonté d’objectivation des violations au-delà des clivages diplomatiques.
Dans ce contexte, le travail de Francesca Albanese, en particulier son rapport Anatomie d’un génocide (A/HRC/55/73) [32], dont les conclusions sont accablantes, introduit une grille d’analyse juridique fondée sur les éléments constitutifs du crime de génocide (notamment l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national ou ethnique). Mobilisant à la fois des données empiriques (blocus, bombardements, destruction des infrastructures civiles) et des déclarations politiques comme indices de cette intentionnalité, F. Albanese conclut à l’existence de motifs raisonnables de croire qu’Israël a commis un génocide à Gaza. Elle y analyse les politiques israéliennes comme relevant d’une logique de destruction systémique, fondée sur le refus du droit à l’existence du peuple palestinien (voir texte joint). Son travail s’inscrit dans une tradition juridique exigeante, mais aussi dans une lecture civilisationnelle du droit : elle articule les principes du jus in bello (le droit dans la guerre) avec ceux de la dignité humaine, et interroge la capacité du droit international à protéger les peuples en situation de domination prolongée.
La reconnaissance française pourrait donc ainsi être interprétée comme une forme de légitimation indirecte de ces démarches juridiques : en admettant l’existence d’un État palestinien, elle rend juridiquement plus cohérente l’attribution de droits, et donc la qualification de violations.
Cette double dynamique, reconnaissance étatique et activisme judiciaire, constitue un renversement de perspective. Là où la Palestine était historiquement considérée comme un “objet” des relations internationales, elle se voit progressivement érigée en “sujet” de droit. Cela n’implique pas seulement l’accès à des instances internationales : cela confère aussi aux droits palestiniens une « densité normative » susceptible d’induire des obligations positives pour les États tiers.
En somme, la reconnaissance française s’inscrit moins dans une logique symbolique que dans une stratégie de normalisation juridique. Elle articule le politique et le juridique pour renforcer la capacité du droit international à protéger les peuples en situation de vulnérabilité structurelle.
La reconnaissance française pourrait donc ainsi être interprétée comme une forme de légitimation indirecte de ces démarches juridiques : en admettant l’existence d’un État palestinien, elle rend juridiquement plus cohérente l’attribution de droits, et donc la qualification de violations.
Cette double dynamique, reconnaissance étatique et activisme judiciaire, constitue un renversement de perspective. Là où la Palestine était historiquement considérée comme un “objet” des relations internationales, elle se voit progressivement érigée en “sujet” de droit. Cela n’implique pas seulement l’accès à des instances internationales : cela confère aussi aux droits palestiniens une « densité normative » susceptible d’induire des obligations positives pour les États tiers.
En somme, la reconnaissance française s’inscrit moins dans une logique symbolique que dans une stratégie de normalisation juridique. Elle articule le politique et le juridique pour renforcer la capacité du droit international à protéger les peuples en situation de vulnérabilité structurelle.
Faut-il encore croire à la paix ? La lente érosion de la solution à deux États
Toutefois, même si la solution à deux États reste théoriquement possible, elle exigera une volonté politique forte, des concessions majeures et une pression internationale soutenue allant bien au-delà d’une simple reconnaissance de l’état palestinien par la France.
Si la solution à deux États demeure le cadre de référence privilégié par la majorité des diplomaties mondiales pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Pourtant, à l’examen des dynamiques actuelles sur le terrain et des évolutions politiques des protagonistes, il s’agit aujourd’hui plus un horizon diplomatique qu’une réalité en construction.
La dynamique actuelle du conflit israélo-palestinien laisse entrevoir plusieurs obstacles profonds qui rendent la solution à deux États de plus en plus théorique. C’était déjà le cas, avant même le 07 octobre 2023 [33] . L’implantation continue de colonies israéliennes, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, transforme progressivement le paysage géographique. Ce morcellement territorial complique gravement l’établissement d’un État palestinien viable et réduit à néant le cadre des frontières de 1967, pourtant largement reconnu comme fondement des discussions. Par ailleurs, le gouvernement israélien, dominé par une coalition résolument nationaliste, rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien. Les initiatives en faveur de l’annexion des territoires occupés et une politique sécuritaire rigide instaurent un rapport de force unilatéral, incompatible avec toute démarche de compromis. Or face à cette intransigeance, l’absence d’un leadership palestinien unifié entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Gaza fragilise considérablement la représentativité du camp palestinien. Cette fracture interne sape sa capacité à établir un interlocuteur crédible, capable de négocier dans la durée [34]. Mais le plus inquiétant est peut-être ailleurs : dans le regard des populations. Des deux côtés, l’idée d’un compromis est perçue comme irréaliste, voire naïve. Ce désespoir silencieux tue la paix plus sûrement que les discours belliqueux. Des enquêtes récentes révèlent un affaiblissement notable du soutien populaire, tant chez les Israéliens que chez les Palestiniens, à l’idée d’un règlement à deux États [35]. Ce scepticisme croissant contribue à figer le statu quo : en l’absence d’une pression citoyenne forte, les dirigeants politiques n’ont ni incitation ni légitimité à relancer un processus de paix exigeant.
Ce n’est plus de déclarations de principes que le monde a besoin, mais d’un véritable sursaut — politique, moral et populaire. La paix ne peut plus rester un idéal lointain, elle doit devenir un objectif réalisable. À défaut, la solution à deux États risque de s’effacer, reléguée au rang de chimère diplomatique.
Si la solution à deux États demeure le cadre de référence privilégié par la majorité des diplomaties mondiales pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Pourtant, à l’examen des dynamiques actuelles sur le terrain et des évolutions politiques des protagonistes, il s’agit aujourd’hui plus un horizon diplomatique qu’une réalité en construction.
La dynamique actuelle du conflit israélo-palestinien laisse entrevoir plusieurs obstacles profonds qui rendent la solution à deux États de plus en plus théorique. C’était déjà le cas, avant même le 07 octobre 2023 [33] . L’implantation continue de colonies israéliennes, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, transforme progressivement le paysage géographique. Ce morcellement territorial complique gravement l’établissement d’un État palestinien viable et réduit à néant le cadre des frontières de 1967, pourtant largement reconnu comme fondement des discussions. Par ailleurs, le gouvernement israélien, dominé par une coalition résolument nationaliste, rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien. Les initiatives en faveur de l’annexion des territoires occupés et une politique sécuritaire rigide instaurent un rapport de force unilatéral, incompatible avec toute démarche de compromis. Or face à cette intransigeance, l’absence d’un leadership palestinien unifié entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Gaza fragilise considérablement la représentativité du camp palestinien. Cette fracture interne sape sa capacité à établir un interlocuteur crédible, capable de négocier dans la durée [34]. Mais le plus inquiétant est peut-être ailleurs : dans le regard des populations. Des deux côtés, l’idée d’un compromis est perçue comme irréaliste, voire naïve. Ce désespoir silencieux tue la paix plus sûrement que les discours belliqueux. Des enquêtes récentes révèlent un affaiblissement notable du soutien populaire, tant chez les Israéliens que chez les Palestiniens, à l’idée d’un règlement à deux États [35]. Ce scepticisme croissant contribue à figer le statu quo : en l’absence d’une pression citoyenne forte, les dirigeants politiques n’ont ni incitation ni légitimité à relancer un processus de paix exigeant.
Ce n’est plus de déclarations de principes que le monde a besoin, mais d’un véritable sursaut — politique, moral et populaire. La paix ne peut plus rester un idéal lointain, elle doit devenir un objectif réalisable. À défaut, la solution à deux États risque de s’effacer, reléguée au rang de chimère diplomatique.
Gaza : une tragédie humaine d’une ampleur inédite. Du ghetto contemporain à l’intention génocidaire : récit d’un effondrement humanitaire.
En effet, depuis le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est le théâtre d’un conflit d’une intensité et d’une brutalité sans précédent. En près de deux ans, les chiffres des victimes et des destructions dépassent l’entendement, révélant une crise humanitaire majeure aux répercussions mondiales.
Selon les dernières données du ministère de la Santé de Gaza, plus de 57 000 Palestiniens ont été tués au 6 juillet 2025, dont une majorité de civils [36]. Parmi eux, au 31 mai 2025, 15 613 mineurs avaient été identifiés dans les registres officiels [37]. Une étude indépendante menée par Michael Spagat (Université de Londres) et Khalil Shikaki (Centre palestinien de recherche politique) estime que près de 100 000 personnes sont mortes, directement ou indirectement, soit environ 4 % de la population de Gaza [38].
Selon les dernières données du ministère de la Santé de Gaza, plus de 57 000 Palestiniens ont été tués au 6 juillet 2025, dont une majorité de civils [36]. Parmi eux, au 31 mai 2025, 15 613 mineurs avaient été identifiés dans les registres officiels [37]. Une étude indépendante menée par Michael Spagat (Université de Londres) et Khalil Shikaki (Centre palestinien de recherche politique) estime que près de 100 000 personnes sont mortes, directement ou indirectement, soit environ 4 % de la population de Gaza [38].
Les bombardements israéliens ont ravagé les infrastructures civiles : hôpitaux, écoles, réseaux d’eau et d’électricité sont en ruines. À Rafah, dernière ville encore debout, une offensive terrestre en mai 2025 a provoqué un déplacement massif de populations déjà réfugiées ailleurs. Plus de 130 000 personnes ont été blessées, et au 12 mai 2025, l’ONU estimait dans un rapport que « Du 11 mai à la fin septembre 2025, […] l'ensemble de la population serait certainement confronté à une insécurité alimentaire aiguë de crise ou pire (phase 3 ou supérieure de l'IPC [autrement dit « famine », c’est nous qui rajoutons]). Cela concerne 470 000 personnes (22 % de la population) en situation de catastrophe (phase 5 de l'IPC), plus d'un million de personnes (54 %) en situation d'urgence (phase 4 de l'IPC) et le demi-million restant (24 %) en situation de crise (phase 3 de l'IPC » [39].
Ce n’est plus de déclarations de principes que le monde a besoin, mais d’un véritable sursaut politique, moral et populaire. La paix ne peut plus rester un idéal lointain, elle doit devenir un objectif réalisable. À défaut, la solution à deux États risque de s’effacer, reléguée au rang de chimère diplomatique.
Et pourtant, dans ce chaos, certains [40] continuent de vanter les mérites de ce que l’on appelle — non sans un brin de cynisme — « l’armée la plus morale du monde » (selon les propos de Benyamin Netanyahou lors d’une allocution donnée le 28 octobre 2023 [41]). Un slogan qui résonne étrangement, au milieu des décombres, comme une incantation désespérée. La moralité militaire ne tient plus que par l’épaisseur d’un tweet.
Malgré les tentatives de contestation des bilans par certaines autorités israéliennes et américaines, les chiffres du ministère de la Santé de Gaza ont été jugés fiables par l’ONU et l’OMS, comme lors des précédents conflits. Les études croisées, utilisant des méthodes statistiques comme le « capture-recapture » [42], confirment la disproportion extrême des pertes civiles [43].Ce bilan ne se résume pas à des chiffres : il incarne des vies brisées, des familles décimées, une société en ruine. Dans un monde où les données sont souvent instrumentalisées, comme le l’écrit Maxime Sirvins dans le journal Politis, nommer les morts, devient un acte de résistance et de mémoire [44].
Au-delà du simple fait de « nommer les morts », il semble désormais nécessaire d’identifier clairement la nature des événements en cours à Gaza, pour en prendre pleinement conscience. Et ce besoin de lucidité semble enfin gagner les médias français, dont certains commencent à infléchir leur traitement du conflit. Plusieurs rédactions, dont celles de l’AFP et de Rfi [45] ont exprimé leur inquiétude face à la situation des journalistes palestiniens sur place, et appellent à un accès libre à Gaza pour documenter les faits. Du reste, selon le Bureau gouvernemental des médias palestinien, depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, à fin mai 2025, au moins 220 « journalistes auraient été tués par l’occupation israélienne » [46].
Lors de l’émission C dans l’air diffusée le 23 juillet 2025, une question directe et dérangeante était posée : « Famine et destruction à Gaza… Que cherche Israël ? » [47]. Cette interrogation faisait déjà écho aux avertissements formulés un an plus tôt par le médecin humanitaire français Raphaël Pitti. De retour de mission en 2024, il décrivait Gaza comme un « ghetto contemporain », en référence directe à celui de Varsovie, et pointait des indices laissant présager une intention génocidaire — des constats en concordance avec ceux de Francesca Albanese [48]. Un an plus tard, dans l’émission C Ce Soir du 6 mai 2025 intulée Gaza : comment nommer ce qui se passe ?, face à la montée dramatique des violences, Raphaël Pitti et plusieurs intervenants ne se contentent plus de tirer l’alarme : ils nomment désormais sans détour la situation à Gaza comme étant un génocide [49].
Et pourtant, dans ce chaos, certains [40] continuent de vanter les mérites de ce que l’on appelle — non sans un brin de cynisme — « l’armée la plus morale du monde » (selon les propos de Benyamin Netanyahou lors d’une allocution donnée le 28 octobre 2023 [41]). Un slogan qui résonne étrangement, au milieu des décombres, comme une incantation désespérée. La moralité militaire ne tient plus que par l’épaisseur d’un tweet.
Malgré les tentatives de contestation des bilans par certaines autorités israéliennes et américaines, les chiffres du ministère de la Santé de Gaza ont été jugés fiables par l’ONU et l’OMS, comme lors des précédents conflits. Les études croisées, utilisant des méthodes statistiques comme le « capture-recapture » [42], confirment la disproportion extrême des pertes civiles [43].Ce bilan ne se résume pas à des chiffres : il incarne des vies brisées, des familles décimées, une société en ruine. Dans un monde où les données sont souvent instrumentalisées, comme le l’écrit Maxime Sirvins dans le journal Politis, nommer les morts, devient un acte de résistance et de mémoire [44].
Au-delà du simple fait de « nommer les morts », il semble désormais nécessaire d’identifier clairement la nature des événements en cours à Gaza, pour en prendre pleinement conscience. Et ce besoin de lucidité semble enfin gagner les médias français, dont certains commencent à infléchir leur traitement du conflit. Plusieurs rédactions, dont celles de l’AFP et de Rfi [45] ont exprimé leur inquiétude face à la situation des journalistes palestiniens sur place, et appellent à un accès libre à Gaza pour documenter les faits. Du reste, selon le Bureau gouvernemental des médias palestinien, depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, à fin mai 2025, au moins 220 « journalistes auraient été tués par l’occupation israélienne » [46].
Lors de l’émission C dans l’air diffusée le 23 juillet 2025, une question directe et dérangeante était posée : « Famine et destruction à Gaza… Que cherche Israël ? » [47]. Cette interrogation faisait déjà écho aux avertissements formulés un an plus tôt par le médecin humanitaire français Raphaël Pitti. De retour de mission en 2024, il décrivait Gaza comme un « ghetto contemporain », en référence directe à celui de Varsovie, et pointait des indices laissant présager une intention génocidaire — des constats en concordance avec ceux de Francesca Albanese [48]. Un an plus tard, dans l’émission C Ce Soir du 6 mai 2025 intulée Gaza : comment nommer ce qui se passe ?, face à la montée dramatique des violences, Raphaël Pitti et plusieurs intervenants ne se contentent plus de tirer l’alarme : ils nomment désormais sans détour la situation à Gaza comme étant un génocide [49].
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Emission C dans l’air intitulée
« Famine et destruction à Gaza… Que cherche Israël ? »,
diffusée le 23 juillet 2025
« Famine et destruction à Gaza… Que cherche Israël ? »,
diffusée le 23 juillet 2025
Gaza, le miroir de notre défaillance morale
Une mère palestinienne déplacée tient dans ses bras son fils souffrant de malnutrition et atteint de paralysie cérébrale, tandis que son autre fils, également souffrant de malnutrition et atteint de paralysie cérébrale, est allongé sur un matelas dans une école où ils ont trouvé refuge à Gaza. Photo : Mahmoud Issa/Reuters
Plus récemment Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, alertait une nouvelle fois sur la situation dramatique à Gaza, décrivant une population en détresse absolue. Face à une situation humanitaire qualifiée d’« insoutenable », où les habitants de Gaza sont décrits comme des « cadavres ambulants » (walking corpses) [50] et les enfants gravement émaciés, au-delà des médias, c’est l’état Français qui semble enfin prendre la mesure de l’urgence. Il faut donc espérer que cette reconnaissance annoncée de l’État palestinien ne saurait être un simple geste symbolique. Elle doit s’inscrire dans une rupture franche avec l’inaction et l’hypocrisie diplomatique. Le Royaume-Uni, sous la pression de sa société civile et de certains élus, semble également amorcer un virage[50]. Ces dynamiques, qui semblent encore bien timides face à l’horreur absolue vécue par les habitants de Gaza, doivent s’amplifier pour faire émerger une volonté politique forte en Europe capable d’exiger un cessez-le-feu immédiat et briser la spirale de l’impunité. Ce sont les peuples et les gouvernements qui, ensemble, peuvent transformer les promesses en actes et empêcher que Gaza ne devienne le tombeau de notre conscience collective.
C’est dans ce contexte que l’on peut voir dans la reconnaissance de la Palestine par la France une inflexion significative. Ce geste ne doit pas uniquement être un symbole. Il doit introduire dans le langage du droit la revendication d’un peuple pour la dignité et la justice, longtemps ignorée. C’est aussi une interpellation collective sur la valeur du mot “justice” lorsque celui-ci est suspendu par des décennies de déni. La reconnaissance de la Palestine ne peut rester cantonnée à un registre diplomatique abstrait : elle doit incarner une volonté de réparer l’histoire et de redonner aux Palestiniens les droits élémentaires qui leur ont été niés. Cette reconnaissance ne sera véritablement porteuse de sens que si elle s’accompagne d’actes concrets, d’une pression politique renforcée sur les responsables des crimes commis, et d’un engagement européen pour la paix et le droit international. La question palestinienne, au-delà du conflit, agit comme un révélateur : elle reflète notre fidélité aux principes fondateurs, notre mémoire des tragédies, et notre volonté — réelle ou vacillante — de construire une paix durable. Une paix qui ne soit plus une promesse, mais une possibilité.
C’est dans ce contexte que l’on peut voir dans la reconnaissance de la Palestine par la France une inflexion significative. Ce geste ne doit pas uniquement être un symbole. Il doit introduire dans le langage du droit la revendication d’un peuple pour la dignité et la justice, longtemps ignorée. C’est aussi une interpellation collective sur la valeur du mot “justice” lorsque celui-ci est suspendu par des décennies de déni. La reconnaissance de la Palestine ne peut rester cantonnée à un registre diplomatique abstrait : elle doit incarner une volonté de réparer l’histoire et de redonner aux Palestiniens les droits élémentaires qui leur ont été niés. Cette reconnaissance ne sera véritablement porteuse de sens que si elle s’accompagne d’actes concrets, d’une pression politique renforcée sur les responsables des crimes commis, et d’un engagement européen pour la paix et le droit international. La question palestinienne, au-delà du conflit, agit comme un révélateur : elle reflète notre fidélité aux principes fondateurs, notre mémoire des tragédies, et notre volonté — réelle ou vacillante — de construire une paix durable. Une paix qui ne soit plus une promesse, mais une possibilité.
Faut-il encore croire à la paix ? La lente érosion de la solution à deux États
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[1] 1917, la promesse trahie - Israël / Palestine : Anatomie d'un conflit. France Inter (27.10.2023)
[2] Nakba, l'exil palestinien ou le "désastre" | Israël-Palestine, les mots de la guerre. France Culture (23.10.2023)
[3] Vote du Conseil de sécurité de l'ONU | INA (JT 20H - 23.11.1967)
[4] https://docs.un.org/fr/S/RES/338(1973)
[5] Palestine : 10 ans après l'octroi du statut d'observateur à l'ONU • FRANCE 24 (28.11.2022)
[6] L'Apartheid israélien envers le peuple palestinien : un crime contre l'humanité (Amnesty International, 01. févr. 2022)
[7] Les accords d’Abraham à l’épreuve du conflit entre Israël et le Hamas | Ifri
[8] La France va reconnaître l'État de Palestine en septembre à l'ONU, annonce Emmanuel Macron
[9] En 2014, l'Assemblée se prononçait en faveur d'une reconnaissance de l'Etat de Palestine | LCP - Assemblée nationale (LCP-25/07/2025)
[10] «Historique», «inutile»: le monde réagit à la future reconnaissance française de l’État de Palestine (Rfi- 25/07/2025)
[11] Emmanuel Macron sur X : "Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain. https://t.co/7yQLkqoFWC" / X
[12] Emmanuel Macron se résout à reconnaître l’Etat de Palestine devant l’impasse diplomatique et le désastre humanitaire à Gaza (Le Monde. 25.07.2025)
[13] Quels pays reconnaissent aujourd’hui l’État de Palestine dans le monde ?
[14] En Israël, la reconnaissance française d'un État palestinien provoque la colère
[15] Reconnaissance de la Palestine : les raisons d’une décision qui fait débat • FRANCE 24
[16] Reconnaissance de la Palestine : les raisons d’une décision qui fait débat • FRANCE 24
[17] L'Opinion - YouTube
[18] Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient
[19] Quels sont les enjeux de la reconnaissance d’un État palestinien par l’Europe ?
[20] À Tunis, des centaines de personnes défilent en faveur d'une loi contre la ‘’normalisation’’ avec Israël (15.04.2025)
[21] La normalisation entre le Maroc et Israël à l’ombre des guerres au Proche-Orient - iReMMO (5.12.2024)
[22] Sommet arabe sur Gaza | Un plan de reconstruction comme alternative au projet de Trump | La Presse (4.03.2025)
[23] Position de la Turquie dans le conflit Iran-Israël (28.06.2025)
[24] Arab Public Opinion about Israel’s War on Gaza (Feb 8, 2024)
[25] https://treaties.un.org/doc/Treaties/1998/07/19980717%2006-33%20PM/French.pdf
[26] Dans une décision de la Chambre préliminaire I (5 février 2021), la CPI a confirmé sa compétence territoriale sur Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, statuant que la Palestine est un État partie au Statut de Rome et que les crimes commis dans ces zones relèvent de la compétence de la Cour (État de Palestine | International Criminal Court).
[27] Déclaration du Procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, à propos d’une enquête sur la situation en Palestine | International Criminal Court (03.03.2021)
[28] Question n°12736 : Enquête de la CPI sur la situation en Palestine et exactions récentes - Assemblée nationale
[29] Situation dans l’État de Palestine : La Chambre préliminaire I de la CPI rejette les exceptions d’incompétence soulevées par l’État d’Israël et délivre des mandats d’arrêt à l’encontre de MM. Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant | International Criminal Court (21.11.2024)
[30] Conflit israélo-palestinien : la demande de mandats d’arrêt par le procureur de la CPI peut-elle être un tournant ? (23.05.2024)
[31] Le procureur de la CPI requiert des mandats d’arrêt contre Netanyahu, Gallant et des chefs du Hamas. France 24 (20.05.2024)
[32] https://docs.un.org/fr/A/HRC/55/73
[33] Israël-Palestine : la solution à 2 états est-elle encore réaliste ? - C Ce soir du 30 janvier 2023 - YouTube
[34] Conflit Israélo-Palestinien : qu'est-ce que la solution à deux États ? | TV5MONDE - Informations (05.11.2023)
[35] Que pensent les Palestiniens et les Israéliens du conflit actuel ? - Élucid (16.0.2024)
[36] Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels (08.07.2025)
[37] Gaza : au-delà des chiffres, visualiser la tragédie - POLITIS (31.05.2025)
[38] Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels (08.07.2025)
[39] The Gaza Strip is still confronted with a critical risk of Famine amid ongoing conflict, aid blockade | IPC - Integrated Food Security Phase Classification (10/05.2025)
[40] Comme Meyer Habib dans l’émission Complément d'enquête du 06.03.2025 intitulé « Benyamin Nétanyahou : un chef d'Etat hors limites ? » 01:03:16. (Benyamin Nétanyahou : un chef d'Etat hors limites ? en replay - Complément d'enquête | France TV)
[41] "Tsahal est l'armée la plus morale du monde" : la déclaration de Benyamin Netanyahou (28.10.2023)
[42] Cette méthode « s'appuie sur trois listes : celle fournie par le ministère de la Santé qui comprend les corps identifiés dans les hôpitaux ou les morgues, celle issue d'une enquête en ligne lancée par le ministère de la Santé, et celle établie à partir de notices nécrologiques publiées sur des réseaux sociaux comme X, Instagram, Facebook et WhatsApp, lorsque l'identité du défunt a pu être vérifiée. »
[43] Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels (08.07.2025)
[44] Gaza : au-delà des chiffres, visualiser la tragédie - POLITIS (31.05.2025)
[45] La situation des journalistes à Gaza est «intenable» (22.07.2025)
[46] La mort du journaliste Abu Warda élève à 220 le nombre de journalistes tués par l’occupation israélienne (25.05/2025)
[47] Famine et destruction à Gaza... Que cherche Israël ?
[48] https://docs.un.org/fr/A/HRC/55/73
[49] Gaza : comment nommer ce qui se passe ? - C Ce Soir du 6 mai 2025 - YouTube
[50] People in Gaza are 'walking corpses' - with one in five children malnourished, says UN | World News | Sky News (25.07.2025)
[51] Israeli leaders condemn Macron announcement – as it happened | Israel-Gaza war | The Guardian (25.07.2025)
[1] 1917, la promesse trahie - Israël / Palestine : Anatomie d'un conflit. France Inter (27.10.2023)
[2] Nakba, l'exil palestinien ou le "désastre" | Israël-Palestine, les mots de la guerre. France Culture (23.10.2023)
[3] Vote du Conseil de sécurité de l'ONU | INA (JT 20H - 23.11.1967)
[4] https://docs.un.org/fr/S/RES/338(1973)
[5] Palestine : 10 ans après l'octroi du statut d'observateur à l'ONU • FRANCE 24 (28.11.2022)
[6] L'Apartheid israélien envers le peuple palestinien : un crime contre l'humanité (Amnesty International, 01. févr. 2022)
[7] Les accords d’Abraham à l’épreuve du conflit entre Israël et le Hamas | Ifri
[8] La France va reconnaître l'État de Palestine en septembre à l'ONU, annonce Emmanuel Macron
[9] En 2014, l'Assemblée se prononçait en faveur d'une reconnaissance de l'Etat de Palestine | LCP - Assemblée nationale (LCP-25/07/2025)
[10] «Historique», «inutile»: le monde réagit à la future reconnaissance française de l’État de Palestine (Rfi- 25/07/2025)
[11] Emmanuel Macron sur X : "Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain. https://t.co/7yQLkqoFWC" / X
[12] Emmanuel Macron se résout à reconnaître l’Etat de Palestine devant l’impasse diplomatique et le désastre humanitaire à Gaza (Le Monde. 25.07.2025)
[13] Quels pays reconnaissent aujourd’hui l’État de Palestine dans le monde ?
[14] En Israël, la reconnaissance française d'un État palestinien provoque la colère
[15] Reconnaissance de la Palestine : les raisons d’une décision qui fait débat • FRANCE 24
[16] Reconnaissance de la Palestine : les raisons d’une décision qui fait débat • FRANCE 24
[17] L'Opinion - YouTube
[18] Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient
[19] Quels sont les enjeux de la reconnaissance d’un État palestinien par l’Europe ?
[20] À Tunis, des centaines de personnes défilent en faveur d'une loi contre la ‘’normalisation’’ avec Israël (15.04.2025)
[21] La normalisation entre le Maroc et Israël à l’ombre des guerres au Proche-Orient - iReMMO (5.12.2024)
[22] Sommet arabe sur Gaza | Un plan de reconstruction comme alternative au projet de Trump | La Presse (4.03.2025)
[23] Position de la Turquie dans le conflit Iran-Israël (28.06.2025)
[24] Arab Public Opinion about Israel’s War on Gaza (Feb 8, 2024)
[25] https://treaties.un.org/doc/Treaties/1998/07/19980717%2006-33%20PM/French.pdf
[26] Dans une décision de la Chambre préliminaire I (5 février 2021), la CPI a confirmé sa compétence territoriale sur Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, statuant que la Palestine est un État partie au Statut de Rome et que les crimes commis dans ces zones relèvent de la compétence de la Cour (État de Palestine | International Criminal Court).
[27] Déclaration du Procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, à propos d’une enquête sur la situation en Palestine | International Criminal Court (03.03.2021)
[28] Question n°12736 : Enquête de la CPI sur la situation en Palestine et exactions récentes - Assemblée nationale
[29] Situation dans l’État de Palestine : La Chambre préliminaire I de la CPI rejette les exceptions d’incompétence soulevées par l’État d’Israël et délivre des mandats d’arrêt à l’encontre de MM. Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant | International Criminal Court (21.11.2024)
[30] Conflit israélo-palestinien : la demande de mandats d’arrêt par le procureur de la CPI peut-elle être un tournant ? (23.05.2024)
[31] Le procureur de la CPI requiert des mandats d’arrêt contre Netanyahu, Gallant et des chefs du Hamas. France 24 (20.05.2024)
[32] https://docs.un.org/fr/A/HRC/55/73
[33] Israël-Palestine : la solution à 2 états est-elle encore réaliste ? - C Ce soir du 30 janvier 2023 - YouTube
[34] Conflit Israélo-Palestinien : qu'est-ce que la solution à deux États ? | TV5MONDE - Informations (05.11.2023)
[35] Que pensent les Palestiniens et les Israéliens du conflit actuel ? - Élucid (16.0.2024)
[36] Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels (08.07.2025)
[37] Gaza : au-delà des chiffres, visualiser la tragédie - POLITIS (31.05.2025)
[38] Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels (08.07.2025)
[39] The Gaza Strip is still confronted with a critical risk of Famine amid ongoing conflict, aid blockade | IPC - Integrated Food Security Phase Classification (10/05.2025)
[40] Comme Meyer Habib dans l’émission Complément d'enquête du 06.03.2025 intitulé « Benyamin Nétanyahou : un chef d'Etat hors limites ? » 01:03:16. (Benyamin Nétanyahou : un chef d'Etat hors limites ? en replay - Complément d'enquête | France TV)
[41] "Tsahal est l'armée la plus morale du monde" : la déclaration de Benyamin Netanyahou (28.10.2023)
[42] Cette méthode « s'appuie sur trois listes : celle fournie par le ministère de la Santé qui comprend les corps identifiés dans les hôpitaux ou les morgues, celle issue d'une enquête en ligne lancée par le ministère de la Santé, et celle établie à partir de notices nécrologiques publiées sur des réseaux sociaux comme X, Instagram, Facebook et WhatsApp, lorsque l'identité du défunt a pu être vérifiée. »
[43] Bande de Gaza: le nombre de morts dépasserait largement les chiffres officiels (08.07.2025)
[44] Gaza : au-delà des chiffres, visualiser la tragédie - POLITIS (31.05.2025)
[45] La situation des journalistes à Gaza est «intenable» (22.07.2025)
[46] La mort du journaliste Abu Warda élève à 220 le nombre de journalistes tués par l’occupation israélienne (25.05/2025)
[47] Famine et destruction à Gaza... Que cherche Israël ?
[48] https://docs.un.org/fr/A/HRC/55/73
[49] Gaza : comment nommer ce qui se passe ? - C Ce Soir du 6 mai 2025 - YouTube
[50] People in Gaza are 'walking corpses' - with one in five children malnourished, says UN | World News | Sky News (25.07.2025)
[51] Israeli leaders condemn Macron announcement – as it happened | Israel-Gaza war | The Guardian (25.07.2025)