Lundi 1 Juin 2015

Contre la barbarie, venez admirer les manuscrits sauvés de Mossoul

Par Jean-Pierre Filiu,



Karim Kadim/associated press
Le drapeau noir de Daesh, le bien mal nommé « Etat islamique », flotte sur Palmyre. La terreur djihadiste s’est désormais abattue sur les plus de 100 000 habitants de l’oasis et on rapporte déjà des centaines d’exécutions, notamment par décapitation. Force est de constater que, malgré les indignations médiatisées quant au sort réservé à la « perle du désert », le monde entier est demeuré passif face à une telle catastrophe.
Le pire est à craindre sur le devenir des richesses archéologiques sans égales de Palmyre, déjà pillées et vandalisées par le régime Assad, aujourd’hui aux mains des iconoclastes de Nemroud et d’ailleurs.
On oublie pourtant que les premiers monuments détruits par Daesh, peu après la prise de Mossoul en juin 2014, étaient des mausolées musulmans, notamment la tombe supposée de Jonas, un des prophètes de l’islam sous le nom de Younes.
C’est en août 2014 que les massacres de yézidis et de chrétiens au nord-ouest de l’Irak entraînent un exode massif de ces populations persécutées, qui fuient le territoire de Daesh et trouvent refuge, pour une majorité d’entre elles, en zone kurde.
Des manuscrits irakiens exposés à Paris
Parmi ces réfugiés, le père dominicain Najeeb Michael, qui a organisé le transfert et la protection de milliers de manuscrits inestimables, afin d’éviter leur autodafé par les djihadistes.
Les Archives nationales présentent pour encore trois mois, à l’hôtel de Soubise, une extraordinaire exposition sur les manuscrits irakiens recueillis et préservés par l’ordre dominicain, installé à Mossoul depuis 1750. Il faut savoir que plus de 50 000 livres imprimés n’ont pu être sauvés par la filière clandestine du père Michael. Ils sont toujours à Mossoul, où le convent dominicain a été transformé par Daesh en centre de torture.
L’exposition rappelle que, bien avant l’installation des dominicains à Mossoul, Colbert avait mandaté un dominicain allemand, Johann Vansleb, pour arpenter le Moyen-Orient, de 1671 à 1675, et y recueillir des manuscrits destinés à la bibliothèque royale. C’est le Second Empire qui, en 1860, fait acheminer une presse d’imprimerie dans le couvent de Mossoul, où elle sera active jusqu’à sa destruction par l’armée turque en 1914.

Commentaire d’Averroès (Ibn Rochd, 1126-1298) (Mossoul, couvent dominicain Notre-Dame de l’Heure)
Sept manuscrits exceptionnels sont présentés à l’hôtel de Soubise en fac-similé. Deux textes arabes mêlent la philosophie et la médecine dans un traité d’Avicenne (Ibn Sina, 980-1037) et un commentaire d’Averroès (Ibn Rochd, 1126-1298). Deux autres sont des grammaires arabes recopiées, comme les précédents, bien après la disparition de leurs auteurs. Mais les pièces les plus originales, car richement enluminées, sont des lectionnaires chrétiens en langue syriaque (la forme classique de l’araméen, à distinguer du soureth, l’araméen vernaculaire).

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Infos pratiques
"Mésopotamie, carrefour des cultures"
Jusqu'au 24 août 2015
Horaires : du lundi au vendredi de 10 heures à 17h30, samedi et dimanche de 14 heures à 17h30. Fermé le mardi et les jours fériés.Plein tarif : 6 euros ; tarif réduit : 4 euros.Archives nationales : Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris.Plus d'infos sur le site de l'exposition.
 



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