Lundi 13 Avril 2015

Conférence de Leyla Dakhli: Les mouvements réformistes musulmans (du milieu du XIXè siècle à nos jours)

Par Leyla Dakhli, historienne, chercheure au CNRS (IREMAM, Aix-en-Provence)



Contexte de la conférence : le cycle de conférence "Religion et politique en Islam"

S’il est un point de convergence - paradoxal - entre l’islamiste militant et l’homme de la rue occidental, c’est bien le postulat d’un Islam qui ignorerait la séparation entre le temporel et le spirituel. En assignant au croyant un idéal politique à respecter, cette affirmation fournit aux premiers une rente de situation et aux seconds une grille de lecture aussi simpliste qu’inquiétante. Un temps bousculé par l’irruption des printemps arabes, ce schéma s’est vu confirmé par les élections qui ont suivi : après la Turquie, le Maroc, la Tunisie et l’Egypte ont porté démocratiquement au pouvoir des partis entendant placer la religion au cœur de leur programme. Partout, des foules réclament le « retour à la charia », promesses de lendemains qui chantent  pour certains, annonce d’un hiver fondamentaliste pour d’autres, certitude d’une évolution prévisible pour tous.  Pourtant, l’adage voulant que l’islam soit à la fois religion (din) et Etat (dawla) n’est ni une évidence historique, ni un programme univoque. Derrière les revendications communes d’une nécessaire fidélité à la norme islamique, des interprétations très diverses, voire contradictoires, des notions de « charia » ou d’ « Etat islamique » ont donné lieu à des expériences aussi variées qu’originales dans l’histoire du monde musulman. Au-delà de raccourcis parfois caricaturaux, appréhender le lien entre Islam et politique impose donc des analyses précises, situées dans le temps et dans l’espace. C’est ce que propose ce cycle de conférences.

Résumé

Leyla Dakhli

Les mouvements qui apparaissent au milieu des années 1800 dans le vaste monde musulman, réunis sous le vocable islâh (réforme) sont à la fois des mouvements intellectuels et des mouvements de réforme religieuse. Ils développent et appliquent une vision de la religion, de la société et de la pensée qui sont déterminantes pour comprendre le monde arabe et musulman d’aujourd’hui. Pendant longtemps, les études sur la région distinguaient, implicitement ou explicitement, une Nahda « laïque » et un Islâh religieux, voire fondamentaliste. Les travaux les plus récents soulignent plutôt les liens nombreux entre ces deux courants de la renaissance intellectuelle arabe et la manière dont ils se nourrissent. C’est cette complexité qui permet de comprendre la modernité de ce réformisme musulman et sa postérité, à la fois sous la forme d’un islam intellectuel ouvert à l’interprétation et des partis islamistes, voire des mouvements les plus radicaux.  

Production : Direction de l’Audiovisuel/EHESS/IISMM
Auteur/Réalisateur : Philippe Kergraisse
Vidéothèque : Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman Ecole des hautes études en sciences sociales. Source : Canal-u.tv.




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