Jeudi 8 Mai 2014

Boko Haram : qui sont ces terroristes qui « vendent » 276 lycéennes ?

Par Pascal Riché, Co-fondateur de Rue89



Le 14 avril, plus de 270 adolescentes nigérianes ont été enlevées par Boko Haram. L’obsession de ce groupe islamiste, particulièrement violent depuis 2009 : l’éducation, notamment celle des filles. Explicateur.


« J’ai enlevé vos filles, je vais les vendre sur le marché, par Allah. »

Il s’appelle Abubakar Shekau, on l’appelle aussi Darul Tawheed, ou encore Abu Muhammad Abubakar bin Muhammad... C’est le chef de Boko Haram.

Dans une vidéo effroyable diffusée lundi, il revendique, en langue haoussa, l’enlèvement, le 14 avril, de plus de 270 jeunes filles au Nigeria. Il proclame :

« Les femmes sont des esclaves. Je veux rassurer mes frères musulmans : Allah a dit que les esclaves étaient autorisés par l’islam. »


Le 14 avril, des douzaines de voitures, de camions, de bus bourrés d’hommes armés ont débarqué dans la petite ville de Chibok, puis se sont arrêtés devant le pensionnat de jeunes filles chrétiennes (aux deux tiers) et musulmanes. Celles-ci, qui dormaient, ont été réveillées et embarquées dans les véhicules. Seules 50 d’entre elles ont réussi à s’échapper, en se cachant ou en sautant des camions.
 
Les assaillants ont ensuite mis le feu au bâtiment avant de s’enfuir. Depuis, les lycéennes sont introuvables, les autorités nigérianes ne montrant guère d’empressement.
 
Le groupe terroriste est suspecté d’avoir enlevé huit adolescentes supplémentaires dans un petit village du nord-est du pays dans la nuit de lundi à mardi.

 
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Qu’est-ce que Boko Haram ?

 


Le fief de Boko Haram (Wikimedia Commons/CC)

Boko Haram est un groupe djihadiste du nord du Nigeria fondé en 2002, mais on a commencé à en parler que bien plus tard, en 2009.

Il a pour projet de créer dans le nord du Nigeria, à majorité musulmane, un Etat islamique « pur », avec la charia pour seule boussole. Son modèle : les talibans afghans (qui sont pourtant sunnites, alors que les activistes de Boko Haram s’apparentent plutôt au kharidjisme).



A l’origine, il s’agit d’un groupe de jeunes islamistes radicaux de la mosquée de Ndimi de Maiduguri. Ils ont quitté cette ville jugée corrompue pour se retirer dans le village de Kanama, dans l’Etat de Yobe, près de la frontière avec le Niger. Là, ils ont commencé à bâtir une communauté islamiste « dure ».

On les appelait alors « les talibans nigérians ». Leur premier accrochage avec la police a eu lieu en décembre 2003. Il est parti d’une histoire de droits de pêche dans un étang. Les membres de la communauté ont réussi à saisir les armes des policiers et les ont gardées. L’armée a fait le siège de leur mosquée et la plupart des membres de la secte ont été tués, y compris leur gourou, Mohamed Ali.

Le mouvement, à cheval entre Nigeria, Niger et Cameroun, n’est pas hiérarchisé et Abubakar Shekau ne contrôle pas toutes ses cellules.

Le groupe s’est reconstitué autour des quelques survivants, d’un autre leader, Mohamed Yusuf, et d’une nouvelle mosquée qu’ils ont créée à Maiduguri. Le groupe s’est étendu, financé par des réseaux occultes, prodiguant nourriture et abris aux gens qui n’en avaient pas. On lui attribue aussi l’assassinat d’un imam de Ndimi, Cheikh Ja’afar Mahmoud Adam.

Le gouverneur de l’Etat de Borno, Ali Modu Sheriff, est soupçonné d’avoir aidé Boko Haram à décoller, en échange du soutien du mouvement populaire dans la jeunesse.


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