Les cahiers de l'Islam
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Samedi 28 Février 2015

RODINSON Maxime, La fascination de l’islam.

Par Abd el Rahman Nehmé,



Publication avec l'accord de l'IESR-Sorbonne .

RODINSON Maxime, La fascination de l’islam suivi de Le seigneur bourguignon et l’esclave sarrasin, La Découverte, Paris, 2003, 199 p.


L’ouvrage de Maxime Rodinson, La fascination de l’islam, concerne l’évolution de la perception de la religion musulmane par le monde occidental, du Moyen Âge au XXe siècle. Le récit comprend deux parties suivies d’une étude intitulée Le seigneur bourguignon et l’esclave sarrasin.

La première partie examine les différentes étapes du regard occidental sur le monde musulman. Elle comporte huit chapitres :

  • Au Moyen Âge, les musulmans ou sarrasins incarnent un danger, voire un « fléau » pour les nations occidentales, en raison de leurs conquêtes dans le domaine de la chrétienté (p. 36). Le monde musulman demeure l’ennemi principal de l’Occident. Cependant, dès le XIIe siècle, les Latins découvrent une « autre image », fascinante, de l’Islam : la philosophie (Avicenne).

  • À partir de la fin du XIVe siècle, la croissance de l’Empire ottoman éveille l’intérêt pour la religion musulmane dans des « cercles théologiques » (p. 60). De plus, les conflits religieux au sein du christianisme font apparaître l’islam comme un « cas moins extraordinaire et moins repoussant » (p. 63) ;

  • Au XVe siècle, grâce aux relations politiques étroites, aux relations économiques croissantes, aux voyageurs et aux missionnaires européens en Orient, l’étude objective du monde musulman « devenait même une nécessité (…) impérieuse » (p. 65) ;

  • Aux XVIe et XVIIe siècles et avec la naissance de l’orientalisme, l’intérêt témoigné aux langues orientales est très vif ;

  • À l’âge des Lumières, on commence à considérer l’idéologie religieuse de l’islam avec « impartialité » puis même avec « sympathie » (p. 71) ;

  • Les trois « tendances » qui caractérisent le XIXe siècle sont l’exotisme romantique, l’impérialisme et l’érudition spécialisée des études de l’Orient (p. 77). Il y a éclosion d’institutions spécialisées du monde musulman. En outre, orientalisme est admis au Dictionnaire de l’Académie française en 1838 ;

  • La Première guerre mondiale fait chanceler la « confiance en soi », l’hégémonie et, en conséquence, l’ethnocentrisme de la civilisation européenne. De surcroît, le mouvement de décolonisation aide à modifier l’image du monde musulman en Occident.

Dans ses six chapitres, la deuxième partie s’intitule Les études arabes et islamiques en Europe. Très diverses, elles ont en commun un « système de pensée » ou une même « attitude scientifique » qui remonte à l’orientalisme traditionnel du XIXe siècle. L’acquis des deux siècles passés est notable. Néanmoins, pour l’auteur, ces travaux connaissent une « crise fondamentale » actuelle en raison de l’évolution de l’ensemble de la mentalité sociale, et de la nouvelle tendance théologocentrique qui explique tout par les idées religieuses. L’évolution des attitudes et des visions de l’Occident chrétien à l’égard de l’Orient musulman est observée à travers l’étude Le seigneur bourguignon et l’esclave sarrasin. Exposée par Maxime Rodinson à l’occasion d’un colloque tenu au Caire en 1985, c’est une analyse d’une pièce peu connue d’Alexandre Dumas (père) : Charles VII chez ses grands vassaux (1831) qui relate les péripéties et les tribulations du comte Charles de Savoisy et de son esclave Ya’qûb. L’action se déroule au château de Seignelais, en 1424. Lors d’une croisade en Égypte, le seigneur de Seignelais ramène le Bédouin Ya’qûb dans son domaine en Bourgogne. L’esclave sarrasin est bien traité par les châtelains, et particulièrement par la comtesse Bérengère de Savoisy, dont il est devenu amoureux. Néanmoins, au mois d’août 1424, Ya’qûb est condamné à mort car il a poignardé un des archers de Seignelais lors d’une querelle à caractère « raciste ». Gracié par le Comte qui voudrait le renvoyer en Égypte, le Sarrasin refuse de partir et demeure auprès de la Comtesse jusqu’à la mort de cette dernière.

À travers l’étude de cette pièce fort « romantique », l’auteur montre la perception occidentale du monde oriental (XIXe siècle), un monde à la fois adversaire et fascinant.


Points forts

  • Un exposé global qui présente un développement et une analyse impartiaux de la vision occidentale sur l’Orient musulman, du Moyen Âge au XXe siècle.

  • L’apport illustratif de l’étude Le seigneur bourguignon et l’esclave sarrasin qui exprime la présence du monde de l’islam sur le devant de la scène européenne dès le Moyen Âge.





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