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Lundi 2 Mai 2016

Des islamologues contre l’Organisation de l’Etat islamique


Les attentats de janvier et novembre 2015 à Paris ont généré un vaste débat sur la place des chercheurs travaillant en France sur les questions liées à l’islam et au monde arabe. Ils ont amené en réaction les pouvoirs publics à souhaiter les voir jouer un rôle plus actif dans le dispositif de lutte contre le terrorisme. Des recrutements ont ainsi été annoncés et des projets ponctuels financés. Une telle approche de la recherche publique ne va pas sans poser problème.



Institut français du Proche-Orient (Ifpo) à Beyrouth, la bibliothèque des études contemporaines. © Ifpo, octobre 2008.
Institut français du Proche-Orient (Ifpo) à Beyrouth, la bibliothèque des études contemporaines. © Ifpo, octobre 2008.
Des islamologues contre l’Organisation de l’Etat islamique
LES LIMITES DE L’ENRÔLEMENT DES CHERCHEURS

Orient XXI, 2mai 2016
Par  Laurent Bonnefoy 

Les attentats de janvier et novembre 2015 à Paris ont généré un vaste débat sur la place des chercheurs travaillant en France sur les questions liées à l’islam et au monde arabe. Ils ont amené en réaction les pouvoirs publics à souhaiter les voir jouer un rôle plus actif dans le dispositif de lutte contre le terrorisme. Des recrutements ont ainsi été annoncés et des projets ponctuels financés. Une telle approche de la recherche publique ne va pas sans poser problème.


«  L’islamologie est un sport de combat  » 1 titrait un récent article de l’historienne Leyla Dakhli consacré aux débats et aux querelles internes au champ (viril  !) des spécialistes français de l’islamisme — qui, soit dit en passant, ne sont pas à proprement parler des islamologues 2, mais des politistes et des historiens. Dans le sillage des attentats de Paris, les critiques adressées par les responsables politiques et certains chercheurs à leurs collègues au sujet d’un manque supposé de clairvoyance, d’impasses analytiques sur les mouvements dits djihadistes ou de la persistance d’angles morts n’étaient pas toutes illégitimes ou dysfonctionnelles. En écho à ce débat, la fameuse phrase de Manuel Valls considérant qu’expliquer un phénomène social c’était déjà commencer à l’excuser était évidemment outrancière autant que stupide 3.

Il importe d’appréhender le débat sur la place de la recherche face à la violence dite terroriste avec sérénité et hors des querelles de personnes qui ont jusqu’à présent occupé une place trop importante. Les passes d’armes entre collègues, comme celle entre Gilles Kepel et Olivier Roy, ont signalé l’âpreté d’enjeux qui ne sont manifestement pas uniquement scientifiques 4. Par-delà ces considérations et afin de ne pas faire fausse route, il convient de dresser un diagnostic clair sur l’état de la recherche d’une part et d’autre part, sur ce que disent réellement des racines du «  djihadisme  » les spécialistes des diverses disciplines concernées.

UNE CRISE DES SCIENCES SOCIALES  ?

La crise de la recherche sur les problématiques proche-orientales, nord-africaines et islamiques doit tout d’abord être appréhendée à l’aune des difficultés partagées par l’ensemble des chercheurs en sciences sociales. Pénuries criantes de postes, manque d’encadrement et de financements, abus liés au «  mandarinat  », discriminations et sexisme sont des réalités que l’ensemble des sociologues, historiens, politistes et anthropologues subissent, quel que soit leur domaine de spécialité.

Toutefois, il n’est pas faux de considérer qu’en termes de dotations, les études sur le Proche-Orient et l’Afrique du Nord sont mieux loties que celles consacrées à d’autres régions, comme l’Afrique subsaharienne. Les recrutements au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à l’université de ces quatre dernières années rendent compte de cette réalité et d’une prime offerte à des candidats qui travaillent sur des objets en lien avec l’actualité arabe et musulmane. 

Retrouvez la suite de cet article sur le site Orient XXI.




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