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Samedi 24 Janvier 2015

[Bondy Blog] Bariza Khiari : "les musulmans sont dans une injonction contradictoire"


Sénatrice (PS) de Paris depuis 2004, Bariza Khiari se dit “farouchement républicaine et sereinement musulmane”. Peu sollicitée par les médias depuis les attentats qui ont frappé Paris la semaine dernière, elle confie ses frustrations, ses colères, mais aussi ses espoirs dans une société plus égalitaire où les citoyens auraient envie de “faire ensemble”. Entretien réalisé en marge d’une conférence sur la liberté d’expression à l’Unesco.



Bariza Khiari
Bariza Khiari

Propos recueillis par Thibault Bluy.

Bondy Blog : Vous avez déclaré être “farouchement républicaine et sereinement musulmane”, quels conseils donneriez-vous aux jeunes français musulmans pour que ce soit aussi leur cas ?

Bariza Khiari : Ce que je veux leur dire, c’est que la République c’est la primauté de la citoyenneté sur l’identité. Ce qui ne signifie pas gommer son identité pour autant. Au contraire, il faut être dans l’affirmation de ce que nous sommes, juif, musulman ou autre… Moi je ne suis pas dans le déni de ce que je suis, de ce qu’ont été mes aïeux. C’est ce qui me donne les bons codes, les bonnes clés de l’islam. C’est primordial pour trouver son équilibre, parce que sinon il peut potentiellement y avoir cinq millions de musulmans sur un divan, et c’est catastrophique pour la société française.

Quand on voit ces jeunes qui, sur Twitter ou dans les écoles, semblent justifier les actes terroristes commis la semaine dernière, qu’est-ce que vous avez envie de leur dire ?

C’est pas possible, c’est juste pas possible… Je souffre beaucoup en ce moment à cause de ça. J’ai envie de les prendre dans mes bras et leur dire “aimez-vous”. Quand vous faites ça, vous ne vous aimez pas. Ne soyez pas dans la violence ou dans la barbarie comme ces terroristes. Vous êtes jeunes, vous avez la vie devant vous. Mais je dis aussi que je comprends les raisons de leur humiliation, dont la liste est longue comme le bras. Je leur dis qu’il faut essayer de dépasser cette humiliation pour aller vers l’autre avec le cœur.

De nombreuses voix se sont élevées pour demander aux musulmans de se démarquer des attentats commis à Charlie Hebdo et Porte de Vincennes. Quelle a été votre réaction face à ces injonctions ?

A chaque fois que les musulmans parlent, ils seraient dans la duplicité. Mais s’ils se taisent, ils sont considérés comme complices. Notre silence vaudrait accord. On est dans une sorte d’injonction contradictoire qui crée des solidarités absurdes. Ça suffit ! Au lieu de faire du sensationnalisme, j’aimerais que les médias soient davantage dans la médiation et la pédagogie, qu’ils expliquent les mots qu’ils utilisent. De l’islamophobie notoire, on en a à longueur d’antenne et personne ne s’en indigne. Vous croyez que ces jeunes, ça ne les touche pas ? C’est une atteinte à ce qu’ils sont. “Vous voulez que je sois dans le déni de moi-même? Alors je ne serai pas Charlie, et je serais peut-être autre chose.”

Retrouvez la suite de cette interview sur le site du Bondy Blog.




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